Mpox : ce qu’il faut savoir en sept questions

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Publié le 23/08/2024

Alors que l’actualisation des recommandations vaccinales de la Haute Autorité de santé doit être publiée le 30 août, les autorités rappellent la marche à suivre en cas d’apparition de cas sporadiques du mpox.

Crédit photo : ROMAIN DOUCELIN/SIPA

Quels sont les symptômes du mpox ?

Le mpox est une maladie infectieuse qui se caractérise notamment par une éruption cutanée, isolée ou précédée ou accompagnée d’une fièvre ou de ganglions lymphatiques et/ou de maux de gorge. La transmission se fait de l’animal (rongeurs) à l’humain, et entre humains, par contact physique rapproché, partage de linge ou d’objets (ustensiles de toilette, vaisselle, sextoys, matériel d’injection) et, dans une moindre mesure, par les gouttelettes.

Si les vésicules (remplies de liquide avant de se dessécher) se concentrent plutôt sur le visage, dans la zone anogénitale, les paumes des mains et les plantes des pieds, elles peuvent être présentes sur l’ensemble du corps ainsi que sur les muqueuses, notamment buccales et anogénitales, où elles s’avèrent très douloureuses.

L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines, parfois 4 semaines.

Quels sont les clades du mpox ?

Le clade 1, à l’origine présent dans le bassin du Congo, en Afrique centrale, se subdivise en deux sous-clades, 1a historique en Afrique centrale, et 1b, découvert en septembre 2023 en République démocratique du Congo (RDC), et plus récemment dans des pays frontaliers de la RDC. Sa transmissibilité et sa létalité sont difficiles à préciser en raison de données épidémiologiques partielles.

Le clade 2, notamment le sous-clade 2b, est responsable de l’épidémie mondiale de 2022, qui avait également touché la France.

Quelle est la stratégie vaccinale ?

Dans l’attente d’un nouvel avis de la Haute Autorité de santé (HAS), annoncé au 30 août, la stratégie vaccinale en vigueur est celle définie lors de l’épidémie de 2022. En post-exposition, les adultes contacts à risque élevé de contracter le virus peuvent être vaccinés, dont les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle. Dans l’idéal, le vaccin doit être administré dans les quatre jours après le contact à risque et au maximum 14 jours.

En prévention, une vaccination est proposée aux groupes les plus exposés : les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples, les travailleurs du sexe et les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle.

Depuis 2022, la vaccination contre le mpox n’a jamais été interrompue ; après une inflexion, elle est en train de remonter.

Pourquoi réévaluer la stratégie vaccinale ?

La réévaluation de la HAS, à la demande de la Direction générale de la santé, porte notamment sur l’opportunité de vacciner (ou d’organiser un rappel pour) : les personnes cibles n’ayant jamais été vaccinées ; ayant reçu une seule dose de vaccin ; celles avec un schéma complet de vaccination ; ou encore ayant contracté le mpox entre 2022 et aujourd’hui. À noter : les études réalisées sur les personnes vaccinées depuis l’été 2022 jusqu’à aujourd’hui ont montré une bonne réponse immunitaire du vaccin.

Les personnes entrant dans les cibles de la vaccination préventive qui n’ont pas été vaccinées en 2022 ou incomplètement peuvent d’ores et déjà se rendre dans l'un des 200 centres de vaccination mpox ouverts depuis 2022. Cette vaccination ne revêt pas un caractère d’urgence, précisent les autorités, compte tenu du fait que le clade 2 circule uniquement à bas bruit en Europe, et qu’il n’y a eu pour l’instant aucun cas de clade 1 en France.

Cette vaccination est accessible sur la base d’une autodéclaration de son statut de personne cible pour la vaccination ou de contact à risque, après évaluation par le médecin du centre de vaccination de la balance bénéfices-risques individuelle. La vaccination est réalisée par un médecin ou par un autre professionnel de santé autorisé (médecins et infirmiers retraités, étudiants en santé…) sur prescription médicale, avec prise en charge par l’Assurance-maladie.

Quels vaccins, combien de doses ?

Le schéma vaccinal comprend deux doses (ou une dose unique pour les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole dans l’enfance, et trois doses pour les personnes immunodéprimées). La deuxième dose de vaccin doit être administrée dans les meilleurs délais à partir de 28 jours après la première.

La vaccination ne confère pas une protection immédiate, aussi est-il important de continuer à éviter tout contact à risque et de respecter les mesures de prévention.

La HAS recommande l’utilisation des vaccins antivarioliques, en particulier de 3e génération, utilisés depuis l’épidémie de mpox, Imvanex ou Jynneos (Bavarian Nordic). Le ministère de la Santé assure disposer d’un nombre de vaccins suffisant en cas d’épidémie, risque considéré comme faible. Leur efficacité contre le mpox de clade 1 est en cours d’évaluation par les autorités nationales et européennes, mais rien ne remet en question à ce stade l’efficacité du vaccin.

Un numéro vert gratuit « Mpox info service » est joignable au 
0 801 90 80 69 tous les jours de 8 à 23 heures.

Que faire en cas de symptômes ?

En cas d’éruption cutanée avec ou sans fièvre, le patient doit contacter son médecin traitant ou un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd), et s’isoler.

Le traitement est symptomatique (anti-douleurs, soins des plaies…). Un traitement antiviral (le técovirimat en première intention) peut être indiqué uniquement pour les formes graves de la maladie, disponible dans le cadre d’une hospitalisation.

En cas de diagnostic positif, la personne doit s’isoler 21 jours à partir de la date de début des signes cliniques, voire plus si les lésions de la peau ou des muqueuses ne sont pas complètement cicatrisées. Si l’isolement strict n’est pas possible, il est nécessaire de limiter les interactions sociales. Le télétravail est fortement recommandé (ou, s’il est impossible, l’arrêt de travail). Lors des sorties éventuelles, la personne infectée doit couvrir ses lésions et porter un masque chirurgical ; les croûtes des plaies doivent être jetées dans un sac poubelle doublé.

Les personnes positives doivent prévenir l’ensemble de leurs contacts du risque de contamination pour qu’ils s’autosurveillent (prise de température et état cutané) et qu’ils se vaccinent, dans les quatre jours après le dernier contact à risque (et au plus tard 14 jours après le contact).

En cas d’aggravation des signes cliniques, les personnes infectées doivent contacter le Samu-Centre 15 qui pourra les orienter vers un service spécialisé. En fin d’isolement, il convient de pratiquer un nettoyage minutieux de son domicile (linge, vaisselle, surface).

Quelles recommandations aux voyageurs ?

La France n’a recensé pour l’instant aucune contamination au clade 1 mais se prépare à l’arrivée de cas sporadiques (comme c’est le cas en Suède où un cas a été détecté mi-août). En revanche, l’Organisation mondiale de la santé a déclenché une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) face à la situation en Afrique, en particulier en RDC.

Aucune restriction de voyage n’est décrétée : en cas de déplacement dans un pays où le clade 1 circule, il est conseillé de respecter les mesures barrières et d’éviter tout contact avec des personnes ou animaux infectés. Au retour, pendant 21 jours, le voyageur doit vérifier sa température et la présence de boutons. En cas de symptômes, il faut contacter le médecin traitant, un Cegidd ou le 15. La vaccination est possible avant le voyage si la personne fait partie des cibles définies par la HAS.


Source : lequotidiendumedecin.fr