Orthopoxvirus : la HAS actualise sa doctrine vaccinale

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Publié le 04/01/2023
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Crédit photo : AFP

Constitution d'un stock stratégique de vaccins et réponse graduée selon l'intensité épidémique : après l'épidémie de mpox (variole du singe) qui a émergé au printemps 2022, la Haute Autorité de santé (HAS) actualise sa doctrine vaccinale de lutte contre les orthopoxvirus, famille à laquelle appartiennent le mpox et la variole, mais aussi la vaccine.

Saisie par la Direction générale de la santé (DGS) en même temps que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), la HAS pose ainsi un cadre pour « anticiper le risque d’épidémies dues à d’autres orthopoxvirus » et orienter la définition d’un plan de lutte par le gouvernement, indique un communiqué du 3 janvier. Pour rappel, un plan de lutte contre la variole a été mis en place en 2006 - et mis à jour en 2012 - pour faire face à l’éventualité d’une résurgence, dans un contexte où la fin de l’obligation vaccinale contre la variole au début des années 1980 s’est traduite par une baisse progressive de l’immunité de la population.

Des vaccins de troisième génération sûrs et efficaces

« Les vaccins sont le moyen le plus efficace de lutter contre une épidémie liée à un orthopoxvirus », rappelle la HAS. Les vaccins antivarioliques de première génération ont une efficacité contre le mpox estimée à 85 %, mais comportent un risque d’« effets indésirables graves, voire mortels », pour le vacciné et son entourage : « le grattage de la lésion vaccinale peut induire des réactions à distance, identiques à la réaction locale », est-il souligné. Les vaccins de deuxième génération ne sont pas disponibles en France et n’ont jamais été utilisés en population générale, poursuit la HAS.

Les vaccins de troisième génération, utilisés pour contrer la flambée de cas de mpox au printemps dernier, ont un profil de sécurité « plus satisfaisant » et apportent une « réponse immunitaire comparable à celle observée avec les vaccins de première génération ». Pour la campagne vaccinale de 2022, les doses avaient été prélevées sur un stock d'État dont le volume est secret-défense.

Pour ce vaccin à administrer en deux doses à 28 jours d’intervalle - une seule dose pour les personnes vaccinées avant 1980 -, « les données d’efficacité contre le mpox, bien que préliminaires et limitées, suggèrent une bonne efficacité (entre 76 et 87 % après une première dose) », est-il précisé. L’efficacité contre les formes graves et les décès est également confirmée en post-exposition « si le vaccin est administré dans les quatre jours suivant l’exposition » et jusqu’à « deux semaines pour les personnes vaccinées pendant l’enfance ».

S’appuyant sur ces résultats, la HAS invite à constituer des stocks stratégiques de vaccins de troisième génération « suffisants pour permettre la mise en place rapide d’une campagne de vaccination réactive, y compris à large échelle si le niveau de menace le justifie ». La réponse à une résurgence pourra ensuite être « graduée selon différents niveaux d’urgence potentiels ».

Une reprise de la circulation de mpox avec des cas isolés et dispersés devrait par ailleurs entraîner une « stratégie de vaccination post-exposition pour les personnes adultes contacts à risque d’exposition au virus de mpox », avec une première dose de vaccin idéalement dans les 4 jours après le contact et au maximum 14 jours plus tard, recommande la HAS. La vaccination préventive des personnes à haut risque d’exposition et des soignants prenant en charge les cas ou vaccinant les contacts est à considérer « si les cas sont nombreux et simultanés sur le territoire ».

Quant à une résurgence de la variole, elle justifierait, dès les premiers cas, « une vaccination des intervenants de première ligne et la mise en place d’une vaccination en anneaux autour des cas ». En cas de nombreux cas simultanés, une vaccination généralisée à l’échelle d’une région, voire du pays, serait à prévoir.

Vaccination intradermique en cas de pénurie

Pour ces deux épidémies, la vaccination intradermique (avec une dose de vaccin cinq à dix fois inférieure à la voie sous-cutanée) est à envisager « en cas de tension d’approvisionnement ». Mais cette approche réclame une « mise à disposition de matériel d’injection spécifique » et des professionnels formés « et si possible expérimentés » à cette technique d’injection.

Pour les autres orthopoxvirus (buffalopox et camelpox, notamment), moins virulents et pour lesquels les transmissions interhumaines ne sont pas « à ce jour » avérées, une vaccination en post-exposition peut être envisagée « au cas par cas » pour les personnes à risque de formes graves après une exposition accidentelle professionnelle ou pour les personnes en contact avec des animaux infectés. Mais, en cas de circulation interhumaine confirmée d’un orthopoxvirus (autre que la variole et le mpox) « faisant craindre la survenue d’une épidémie non contrôlée », une cellule d’aide à la décision « pourrait proposer une stratégie vaccinale plus offensive, adaptée à la virulence, à la transmissibilité du virus et à la population concernée », indique la HAS.


Source : lequotidiendumedecin.fr