Courrier des lecteurs

Plaquenil : donnons, sans délai, aux généralistes la possibilité de le prescrire

Publié le 10/04/2020

L’appel lancé par Ph Douste-Blazy (et une brochette d’Hospitalo-Universitaires) fait le bon diagnostic : « Nous vivons une crise sanitaire mondiale d’une grande ampleur… Chaque jour, nous déplorons de nombreux décès. Contre cette maladie, nous ne disposons ni de vaccins, ni de traitement antiviral… »

Puis il donne les (bons ) arguments et cite les multiples exemples étrangers qui plaident pour la prescription du Plaquenil au stade de début de la maladie, y compris la « baisse de la mortalité hospitalière à Marseille » (sans toutefois citer le nom du Pr. Raoult. un « malencontreux oubli » sans doute, comme celui de l’utilité de l’Azithromycine donnée en association).

Il demande donc la modification du décret du 26 mars pour autoriser une prescription précoce du Plaquenil, parce que « dans la situation aiguë que nous connaissons, de plus en plus de médecins pensent que cette stratégie s’impose, conforme à leur serment d’Hippocrate, de traiter leurs malades en leur âme et conscience. »

Une fidélité à ce serment dont, étrangement, ces grands patrons se réservent l’exclusivité, en entendant limiter la prescription et la délivrance du Plaquenil aux hospitaliers et à eux seuls. On est là dans un « cas grave » d’hospitalo-centrisme forcené et d’irréalisme absolu.

Comme si, en ces temps de temps de « confinement », il n’était pas déraisonnable de faire s’agglutiner devant les entrées des Hôpitaux (bonjour les distances de sécurité !!!) les milliers de patients qui s’y précipiteront dans l’espoir d’obtenir « LE » traitement. Et sans dire comment feront tous ceux, et ils sont nombreux, qui habitent loin d’un centre hospitalier, ou, pire qui sont confinés dans les EHPAD.

Comme si, en ces temps où l’hôpital et les hospitaliers sont déjà submergés par la vague montante des « cas graves », ils avaient le temps de prendre en charge l’ensemble des sujets à risques ou avec des pathologies débutantes. Le temps de les interroger sur leurs antécédents, sur d’éventuelles contre-indications ou interactions, de les examiner, de faire un ECG et un bilan sanguin, avant de décider ou non de leur prescrire du Plaquenil (avec de l’Azithromycine SVP).

L'hôpital ne peut assumer cette charge

Alors oui, la prescription précoce d’Hydroxychloroquine est aujourd’hui la seule thérapeutique disponible susceptible de prévenir les complications et, espérons-le, de réduire la durée de la contagiosité. L’avenir jugera seul de son degré d’efficacité. Mais en attendant, il faut au plus vite la mettre en œuvre faute d’alternative.

Mais non, l’hôpital ne peut pas assumer cette charge supplémentaire massive sauf, d’une part, à faire perdre un temps précieux à des milliers de malades et, d’autre part, à l’empêcher d’assumer sa vraie mission : prendre en charge les « cas graves » qui nécessitent hospitalisation et/ou soins intensifs et réanimation. Ce que reconnaissant d’ailleurs les signataires lorsqu’ils écrivent « il faudra rapidement ouvrir le protocole aux médecins libéraux pour éviter la saturation des hôpitaux. ». Mais si l’on attend, il sera, hélas, trop tard pour trop de malades.

Alors comme les Italiens face à une telle situation d’urgence, le gouvernement doit autoriser, sans délai, la prescription d'Hydroxychloroquine par les médecins généralistes, ces 60 000 praticiens, compétents, disponibles et de proximité, qui connaissent bien leurs patients et respecteront, bien sûr, les règles d’utilisation de ce traitement, comme ils le font pour les autres pathologies. Dont c’est le « métier » et qui sauront d’autant mieux faire « remonter l’information » que ce sont eux, et eux seuls, qui suivront, au quotidien, l’évolution des patients sous traitement.

Quant à la « distribution » de ces dizaines de milliers de boîtes de médicaments, ce n’est pas faire affront aux « pharmacies hospitalières » que de dire qu’elles sont totalement incapables, faute de moyens, de la prendre en charge. Nous avons 22 000 pharmaciens qui le feront très bien. Laissons à l’hôpital et aux hospitaliers le temps et la disponibilité nécessaire pour faire leur « vrai travail. » Et actuellement ils n’en manquent pas !!!

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Dr Philippe Sopena, Médecin Généraliste, (retraité, 73 ans et donc « sujet à risque »), Ancien Premier Vice-Président de MG France

Source : Le Quotidien du médecin