UNE DÉCENNIE pour mettre en place une couverture universelle des interventions de lutte contre le paludisme, tel était l’objectif qu’avait fixé l’ONU en 2000. À 253 jours de l’échéance et à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme du 25 avril prochain, le Partenariat Roll Back Malaria (RBM) et l’UNICEF publient un deuxième rapport d’étape dans la collection « Progrès et impact » pour faire un point sur la situation du paludisme en Afrique. L’année 2010 apparaît comme une étape décisive pour le Partenariat qui, dans son rapport, note « une augmentation et une accélération des progrès » rendus possibles grâce notamment à un accroissement du financement mondial, passé de 300 millions de dollars (223 millions d’euros) en 2003 à 1,8 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) en 2009.
Un enfant sauvé toutes les 3 minutes.
« À l’heure actuelle, avec seulement un tiers du financement mondial nécessaire, les programmes nationaux parviennent à sauver un enfant toutes les 3 minutes. Certes, ce résultat est très encourageant, mais nous ne pouvons pas nous permettre de relâcher nos efforts », déclare le Pr Coll-Seck, directrice exécutive de RBM. Et elle prévient : « Sans un financement soutenu et stable, la contribution considérable que représente la lutte contre le paludisme au sein des objectifs du millénaire pour le développement risque de reculer ». Les fonds apportés à la lutte, dont les deux tiers proviennent du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, restent en effet en deçà des 6 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) par an nécessaires pour assurer la couverture universelle.
La réduction de la mortalité infantile est l’un des Objectifs du millénaire important. Or, en 2008, le paludisme représentait encore 7 % des décès infantiles dans le monde, la majorité (90 %) de ces décès survenant en Afrique. Dans cette région, plus d’1 décès sur 6 (16 %) d’enfant de moins de 5 ans était dû au paludisme.
L’utilisation régulière de moustiquaires imprégnées d’insecticide a permis de réduire la mortalité infantile, toutes causes confondues, d’environ 20 %. La production mondiale a été multipliée par 5 au cours des dernières années pour passer de 30 millions en 2004 à 150 millions en 2009 et la plupart des pays endémiques ont adopté des plans nationaux qui prévoient la distribution mensuelle de ces moustiquaires imprégnées. Toutefois, le rapport souligne que des efforts restent à faire : entre 2007 et 2009, seulement 200 millions de moustiquaires ont été envoyés en Afrique alors que 300 millions auraient été nécessaires à une couverture universelle. De même, les distributions de moustiquaires doivent être plus équitables entre foyers ruraux et urbains, riches et pauvres.
Accès aux ACT encore faible.
Parmi les motifs de satisfaction, le rapport note aussi le choix fait par certains pays d’opter pour des stratégies plus efficaces, mais aussi plus onéreuses, comme l’utilisation de combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) et d’outils de diagnostic qui permettent de mieux rationaliser les traitements antipaludiques. La distribution d’ACT, désormais estimée à 160 millions de doses, est plus de 30 fois supérieure aux chiffres initiaux. Si la plupart des pays africains avaient adopté en 2008 les ACT comme médicaments de première intention, « les enquêtes menées depuis 2007 ont montré que seul un faible pourcentage d’enfants traités reçoit des ACT. Bien que la pratique évolue, la chloroquine, la sulfadoxine-pyriméthamine (SP) et d’autres médicaments sont encore couramment utilisés pour traiter la maladie », déplore le rapport.
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