Longtemps, dans les ouvrages de maladies tropicales, elle a figuré sous forme de simples notes de bas de page (qui, ironie, se disent footnotes en anglais). Et, d’ailleurs, signe de méconnaissance, son diminutif est « Podo… what » (podo quoi ?). « Elle », c’est la podoconiose, du grec podos, le pied, et konos, la poussière. Maladie qui se manifeste par un éléphantiasis non lié à une filaire (ni à une bactérie ni à un virus) et qui touche 4 millions de personnes en Afrique tropicale, notamment en Éthiopie. Elle provient d’une inter?action gène-environnement,
touchant les personnes génétiquement prédisposées (des études sont en cours au Cameroun et en Éthiopie pour identifier un gène) qui marchent pieds nus sur un sol argileux rouge, en altitude, surtout quand il pleut. Les pieds nus : c’est bien tout le problème et la prévention repose tout simplement sur le port de chaussures.
Dans ce contexte, Gail Davey, « la voix des patients sans voix », a les honneurs de « The Lancet » pour son rôle dans la lutte contre la podoconiose. Elle a notamment conclu des accords avec des fabricants de chaussures. « Nous souhaitons établir des partenariats avec des organisations qui travaillent sur les maladies du pied, pour faire en sorte que les chaussures soient considérées comme de “nouvelles moustiquaires” », explique-t-elle. La prochaine étape est le lancement de l’International Podoconiose Initiative.
The Lancet du 17 mars 2011, pp. 996 et 1004.
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