Pourtant très performant, le test Xpert ne change pas le pronostic de la tuberculose

Publié le 28/10/2013
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Crédit photo : BSIP

Les performances en vie réelle du test diagnostic Xpert dans la tuberculose sont un peu moins enthousiasmantes que prévu. C’est ce que révèle une étude menée chez plus de 1 500 patients tuberculeux du sud de l’Afrique. Le Pr Keertan Dheda, de l’université de Cap Town (Afrique du Sud), l’auteur principal, explique : « Bien qu’un diagnostic plus précoce par le test Xpert ne réduise pas la gravité de la maladie tuberculeuse et ne diminue pas non plus le nombre total de cas traités au cours de l’étude, il présente des avantages substantiels sur les BK crachats, à savoir davantage de diagnostic posé le jour même et moins d’abandons de traitement. » L’association de la radiographie pulmonaire et des BK crachats passe à côté de 40 % des cas. Sans compter que plus de 40 % des patients diagnostiqués ne reviennent pas chercher leurs résultats et donc ne débutent pas le traitement.

L’allocation des ressources en question

Les chercheurs ont comparé la faisabilité de Xpert (précision, erreurs, adhérence de l’opérateur, appréciation de l’usager) et son impact sur la santé du patient (n = 744) par rapport à l’examen des crachats au microscope le jour-même (n = 758) dans 5 centres de soins en Afrique du Sud, en Zambie et en Tanzanie. Malgré un délai plus long à la mise en route du traitement dans le groupe microscopie, les chercheurs n’ont observé aucune différence quant à la gravité de la maladie tuberculeuse à long terme, à 2 et 6 mois.

Pour le Pr Dheda : « Si le test Xpert n’est sans doute pas le meilleur test dans les pays les plus pauvres, dans les pays disposant de bonnes infrastructures comme l’Afrique du Sud, avec un taux élevé de formes résistantes et d’abandon de traitement, l’implantation de Xpert dans les foyers de tuberculose serait appropriée et permettrait un diagnostic plus précoce des formes multirésistantes, tout en réduisant la transmission dans la population. » Compte tenu du coût de GenExpert et de la difficulté à lever des fonds dans la lutte contre la tuberculose, ces résultats posent la question de l’optimisation des ressources et des moyens. Christian Wejse, un expert danois en santé publique de l’université Aarhus, estime ainsi qu’il serait plus judicieux de réserver les machines aux seuls centres dotés d’une infrastructure suffisante (électricité, personnel payé et formé, équipe réactive) plutôt qu’une distribution large « égalitaire » mais « aveugle ».

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr