Les Italiens manquent de médecins et d’infirmiers mais ils ont des idées ! Pour compenser le manque cruel d’effectif alors que la Péninsule veut renforcer sa politique de dépistage de masse, le gouverneur de la Vénétie Luca Zaia propose d’enrôler les vétérinaires. « L’homme est un mammifère et eux, en mammifères, ils s’y connaissent ! », a déclaré ce membre influent du parti populiste de la Ligue. Puis il a enfoncé le clou : « Ils savent autant de choses que les médecins car ils ont étudié l’anatomie humaine et passé 53 examens dont deux d’anatomie, un de physiologie, de biochimie et de pathologie clinique, alors pourquoi faire la fine bouche ? »
L’idée du gouverneur est de demander aux vétérinaires d’effectuer les tests de détection du virus SARS-CoV-2 par prélèvement nasal, antigéniques rapides et RT-PCR. « Nous voulons convoquer les représentants des 2 550 vétérinaires implantés dans toute la Vénétie pour discuter, nous avons besoin de toutes les forces médicales pour pouvoir effectuer le plus de tests de dépistage possible », a expliqué Luca Zaia.
Exercice illégal ?
Coté vétérinaires, on trouve l’idée intéressante comme le souligne le Dr Marco Melosi, président de l’Association nationale des médecins vétérinaires (Anvi) : « L'idée est bonne et mérite d’être exploitée mais à certaines conditions. » Ces conditions explique Dr Maria Chiara Bovo, secrétaire régionale du syndicat de vétérinaires (Sivemp), ce sont avant tout les questions liées aux compétences professionnelles des vétérinaires : « actuellement, la loi ne nous autorise pas à intervenir au niveau de l’homme, il s’agirait d’un exercice illégal de la profession ».
À cela s’ajoute les problèmes de couverture, souligne pour sa part le Dr Stefano Fattori qui a planté ses drapeaux dans un quartier cossu de la capitale dans les années 2000. « Il faut certes d’abord agir sur le plan juridique pour protéger les vétérinaires au niveau légal en nous accordant un droit d’exercice de la profession médicale identique à celui des praticiens mais aussi et surtout, au niveau des assurances qui ne nous prendraient pas en charge », note ce zootechnicien.
Quatre instituts de zooprophylaxie mobilisés
Si les vétérinaires ne peuvent pas effectuer les tests de dépistage pour le moment, en revanche, ils sont déjà partiellement au front dans toute l’Italie. Depuis le mois d’octobre, quatre instituts régionaux de zooprophylaxie ont déjà été mobilisés pour la partie clinique des tests RT-PCR. À Rome, un centre de dépistage important a été installé dans le centre de zooprophylaxie des régions du Latium et de la Toscane situé aux portes de la capitale à côté de l’aéroport Ciampino.
« Ce drive-in est conventionné, les prélèvements sont effectués par le personnel médical. En revanche, les résultats sont analysés dans notre laboratoire par nos médecins-vétérinaires et nous avons déjà analysé quelque 5 000 tests RT-PCR », explique le Dr Andrea Leto, directeur sanitaire et social de cet institut. Comme ses confrères, ce zootechnicien insiste sur la nécessité d’une modification du cadre juridique. « Nous avons les mains liées et quel vétérinaire accepterait de s’impliquer et de courir des risques, même en cette situation de crise ? En attendant que les choses bougent, nous participons à la bataille en analysant les tests, c’est déjà un premier pas », ajoute le Dr Leto.
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