Tuberculose multirésistante : des traitements oraux et plus courts recommandés par l'OMS

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Publié le 16/12/2022
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Crédit photo : PHANIE

Dans ses nouvelles recommandations sur la tuberculose multirésistante, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ouvre la possibilité de réduire la durée de traitements à seulement 6 mois et d'utiliser des combinaisons entièrement sous forme orale.

Ces nouvelles recommandations, élaborées en réponse aux demandes de plusieurs États membres, se basent sur les dernières données publiées sur l'association de bédaquiline, de prétomanide, de linézolide et de moxifloxacine (BPaLM) pendant 9 mois d'une part, et sur l'efficacité de la forme orale de la bédaquiline d'autre part. Cette molécule présente l'intérêt d'être moins toxique et de favoriser l'observance.

L'OMS recommande, dans la tuberculose multirésistante, une durée de traitement de 6 mois de BPaLM, au lieu des 9 à 18 mois auparavant pour d'autres associations. Par ailleurs, une option 100 % orale pendant 9 mois est aussi possible en l'absence de résistance aux fluoroquinolones : bédaquiline (6 mois), en association à de
lévofloxacine/moxifloxacine, de l'éthionamide, de l'éthambutol, de l'isoniazide (à haute dose), du pyrazinamide, de la clofazimine (4 mois, avec la possibilité de l'étendre à 6 mois si crachats positifs à la fin des 4 mois), suivi par un traitement de lévofloxacine/moxifloxacine, de clofazimine, d'éthambutol et de pyrazinamide (5 mois). Il est précisé que l'éthionamide peut être remplacé par 2 mois de linézolide (600 mg par jour).

L'OMS dresse aussi la liste de toutes les molécules qui peuvent être prescrites en addition ou à la place de celles qui composent le BPaLM si un traitement plus long s'avère nécessaire : kanamycine, capréomycine, lévofloxacine et moxifloxacine. L'option d'une résection partielle du poumon pour les cas les plus sévères est également possible.

Ces nouvelles recommandations de l'OMS visent à aider les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose à transiter rapidement vers des schémas de prise en charge plus courts et plus simples pour les patients, en particulier ceux infectés par des souches résistantes aux isoniazides mais sensibles à la rifampicine.

Des prix encore trop élevés pour les ONG

« Les gouvernements et les bailleurs de fonds doivent maintenant agir rapidement pour s'assurer que les patients atteints de tuberculose multirésistante bénéficient de ces traitements plus accessibles et plus sûrs », réagit dans un communiqué la Dr Ilaria Motta, conseillère médicale à Médecins sans frontières (MSF), qui milite depuis longtemps pour l'intégration de schémas thérapeutiques simplifiés. L'ONG a d'ailleurs mené ses propres travaux, l'essai TB-Practecal, dont les résultats avaient apporté la preuve d'une meilleure efficacité du BPaLM pendant 6 mois, par rapport à des associations plus anciennes prises jusqu'à 24 mois.

Toutefois, « pour que les gouvernements soient en mesure d'améliorer l'accès à ces traitements il ne faut pas que leur prix global dépasse les 500 dollars par personne », poursuit la Dr Motta. Mais aujourd'hui, le prix d'un traitement complet de BPaLM « est bien au-dessus de 700 dollars », ajoute-t-elle.

MSF insiste aussi sur la nécessité de réduire le prix d'autres produits de santé comme le test de diagnostic moléculaire GenXpert TB produit par les firmes Cepheid à moins de 5 dollars, au lieu des 10 à 20 actuellement.

Selon le dernier rapport mondial de l'OMS, le taux de succès des traitements de la tuberculose était de 86 % en 2020, soit autant qu'en 2019. Dans le cas de tuberculose résistante, les traitements fonctionnent dans seulement 60 % des cas. L'incidence a diminué de 20 % entre 2015 et 2020. Un résultat insuffisant au regard des objectifs d'élimination de la tuberculose à l'horizon 2030, puisqu'il aurait fallu une baisse de 80 % de l'incidence depuis 2015.


Source : lequotidiendumedecin.fr