Des différences selon l’origine ethnique

Un bouquet de flores vaginales

Publié le 01/06/2010
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D’APRÈS UNE étude chez des femmes en âge de procréer issues de quatre communautés différentes, il semble bien que la composition de la flore vaginale varie selon l’origine ethnique. Alors que le pH était significativement plus élevé chez les Hispaniques (pH 5,0 ± 0,59) et Afro-américaines (pH 4,7 ± 1,04), il était plus bas chez les femmes d’origine asiatique (pH 4,0 ± 0,59) et caucasienne (pH 4,2 ± 0,3). En analysant le séquençage génétique des prélèvements vaginaux, les chercheurs de Baltimore ont identifié cinq « profils bactériens » différents. Quatre étaient dominés par les Lactobacillus iners, L. crispatus, L. gasseri ou L. jensenii, alors que le cinquième comptait moins de bactéries à acide lactique et davantage d’organismes strictement anaérobies. Chaque profil était plus ou moins représenté dans chaque groupe ethnique. Le score de Nugent était donc plus ou moins élevé selon que la femme était d’origine caucasienne, afro-américaine, asiatique ou hispanique.

Les 396 femmes âgées de 12 à 45 ans (moyenne 30) ont participé à l’étude, afin de représenter de manière équitable quatre groupes ethniques : 98 femmes pour le groupe caucasien, 104 pour l’afro-américain, 97 pour l’asiatique et 97 pour l’hispanique. Les participantes étaient normalement réglées avec des cycles spontanés compris entre 25 et 35 jours et rapportaient une activité sexuelle régulière. Il leur était demandé de s’abstenir de toute relation sexuelle quarante-huit heures avant les prélèvements vaginaux ; aucune ne devait avoir pris d’antibiotique ou d’antimycotique dans les trente jours précédents. Les adeptes des douches vaginales, des suppositoires vaginaux, des lingettes génitales, du Nuvaring ou de spermicides étaient exclues. Le premier prélèvement était destiné à évaluer la flore vaginale selon le score de Nugent, habituellement utilisé pour le diagnostic de vaginose, le second à déterminer la composition bactérienne. Ce dernier servait également à réaliser l’analyse phylogénétique via le séquençage des gènes 16S rARN.

Interactions bactériennes spécifiques.

La flore vaginale semble jouer un rôle important dans la prévention de troubles urogénitaux, comme la vaginose bactérienne, les infections urinaires et l’infection par le VIH. Il est admis que cet équilibre repose sur les bactéries commensales produisant de l’acide lactique, principalement les Lactobacillus. Leur effet protecteur serait lié à l’abaissement du pH vaginal, via l’acide lactique, à la production de composés bactéricides et bactériostatiques, voire à un phénomène d’exclusion par compétition. Si l’on considère comme « sain » un pH < 4,5, de nombreuses femmes d’origine hispanique ou afro-américaine asymptomatiques auraient alors un pH pathologique, ce qui n’apparaît pas crédible. Selon les auteurs, il existerait pour chaque « profil bactérien » des interactions spécifiques entre les différentes espèces, qui aboutiraient au final à un équilibre. La variabilité de la flore vaginale en fonction de l’origine ethnique semble ainsi un élément important à prendre en compte pour évaluer le risque infectieux, poser le diagnostic et décider d’un éventuel traitement.

PNroc Natl Acad Sci, édition avancée en ligne du 1er juin 2010. www. pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1002611107

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8780