Testé chez le singe

Un candidat vaccin contre le trachome

Publié le 16/12/2011
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Crédit photo : BSIP

CE TEST d’un candidat vaccin contre le trachome, s’il pouvait être transposé à l’homme, aurait des implications majeures. Des dizaines de milliers de personnes en effet sont touchées dans le monde par la maladie, plus précisément en Afrique du Nord et subsaharienne, au Moyen-Orient et en Asie où elle est endémique : le trachome est la principale cause de cécité évitable.

Les sérotypes oculaires de la bactérie se transmettent directement par les mains et les vêtements ou par l’intermédiaire des mouches qui se posent sur le pourtour des yeux. L’infection est très contagieuse et ce sont les atteintes à répétition qui font la gravité de la maladie. Elles surviennent principalement chez les enfants.

Le trachome initial, une kérato-conjonctivite, peut être traité avec de l’azithromycine per os ou en collyre, mais, au fil des atteintes, le trachome se complique d’un entropion (le bord libre de la paupière s’enroulant vers l’intérieur de l’œil), puis d’une trichiasis (les cils s’infléchissant vers l’œil), ce qui blesse la cornée, prélude à la cécité.

La stratégie SAFE (Surgery, pour ceux qui ont une trichiasis ; Antibiotique ; Face cleaning ; Environment improvement) prônée par l’OMS a pour objet de permettre d’éradiquer le trachome d’ici à 2020.

C’est dans ce contexte, de contagiosité extrême et d’infections à répétition, que Harlan et coll. (National Institute of Allergy and Infectious Diseases) ont testé leur concept vaccinal sur l’animal.

Dans un premier temps, 6 macaques ont reçu la bactérie atténuée (par ablation d’un fragment d’ADN) ; la clairance de l’infection se faisait spontanément, en quatorze jours, les signes oculaires étant absents ou minimes. Exposés ensuite à des quantités doubles de C. trachomatis, atténués toujours, à des intervalles de 4 et 8 semaines, les macaques, dotés d’une solide réponse immunitaire, n’ont pas développé de signes d’infection, alors que l’histoire naturelle des infections répétées chez l’homme tend vers des atteintes de plus en plus sévères.

Enfin, ces 6 macaques ont été soumis à des souches très virulentes de C. trachomatis, ainsi que 6 autres macaques témoins, non vaccinés. Dans le groupe vacciné, 3 des sujets étaient indemnes d’infection et les 3 autres ont été infectés a minima, comparativement aux singes du groupe témoin qui ont tous développé une infection oculaire modérée à sévère. Celle-ci persistait entre deux à quatre mois.

* Journal of Experimental Medicine, en ligne le 10 octobre 2011.

 Dr B. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9060