Pourquoi une forme grave d'infection au nouveau coronavirus peut-elle survenir chez des sujets jeunes en bonne santé ? La génétique pourrait être un élément de réponse, comme le suggère une étude d'association pangénomique menée dans sept centres espagnols et italiens et publié dans « The New England Journal of Medicine ».
Cette étude lancée en urgence au plus fort de la pandémie a retrouvé deux locus de susceptibilité, appelés 3p21.31 et 9q34.2, le second coïncidant au locus du groupe sanguin ABO. Dans le SARS-CoV-1 déjà, l'appartenance au groupe avait été évoquée dans la susceptibilité à l'infection.
Dans cette cohorte totalisant 1 980 patients hospitalisés pour forme grave avec détresse respiratoire et plus de 2000 sujets contrôles, il apparaît que le groupe A confère un risque plus élevé de forme sévère et que le groupe O est à l'inverse protecteur. Le risque de nécessiter de l'oxygène est augmenté de 50 % chez les patients de groupe A, tandis que le risque de forme grave est diminué de 50 % chez ceux de groupe O.
Des outils pour identifier les sujets à risque
Quant au premier locus, il se situe sur le chromosome 3 et couvre un cluster de six gènes aux fonctions potentiellement pertinentes. C'est le cas notamment pour l'un d'eux qui code pour une protéine de transport interagissant avec ACE2, ce récepteur de surface permettant l'entrée du virus dans la cellule.
Il est à noter également pour le second locus, situé sur le chromosome 9, qu'il couvre, outre le groupe ABO, un variant génétique associé à des taux élevés d'interleukine 6, cette cytokine jouant un rôle dans l'inflammation.
Les résultats sur le locus 3p21.31 confirment ceux déjà publiés par la collaboration internationale Covid-19 Host Genetics Initiative, obtenus chez des sujets présentant une forme grave par rapport à leurs prédécesseurs. Ce locus pourrait être impliqué en soi dans la susceptibilité à l'infection. Quant au second, deux hypothèses sont possibles : soit le groupe sanguin est impliqué, soit l'effet passe par d'autres effets biologiques (notamment la stabilisation du facteur von Willebrand).
Pour le Dr Francis Collins, directeur des Instituts nationaux de la santé américains (NIH), ce travail suggère « qu'un test génétique et le groupe sanguin pourraient fournir des outils utiles pour identifier les personnes à risque plus élevé de maladie grave ».
The severe Covid-19 GWAS group. New Engl J Med, 2020. DOI:10.1056/NEJMoa2020283
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