Au 19e siècle

Une épidémie de choléra en chanson

Publié le 18/02/2013
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Crédit photo : DR

« Ô cette épidémie appelée choléra

Impossible de dire combien elle fut terrible

Le village d’Ascain en fut frappé

Sa jeunesse lui fut d’un bien grand secours

Vers l’an 1840 il en mourut des centaines

Qui furent inhumés les uns sur les autres

Au sud de l’Église. »

Les paroles de ce chant traduit de la langue basque, résument bien la situation. Ce témoignage « médico-musicographique » est important, car l’épidémie de choléra a été peu décrite dans la partie française du Pays Basque, contrairement au côté espagnol. Il a été l’occasion de mener des recherches pour documenter l’événement.

Proche de Saint-Jean-de-Luz, le bourg d’Ascain bordant une rivière aux rives marécageuses, a représenté un site favorable au développement du choléra. La nature bactérienne de la maladie et sa contagiosité via l’eau contaminée par les excréments des malades, étaient inconnues dans les années 1840. Le maire du bourg s’appliqua une injonction efficace, en vogue lors des épidémies de peste noire : « pars vite et reviens tard », laissant à son adjoint le soin de s’occuper des centaines de morts à inhumer dans des fosses communes.

Au 19e siècle, plusieurs vagues épidémiques de choléra ont sévi à l’échelle planétaire. L’affection était à l’origine circonscrite à l’Inde. De 1827 à 1834, l’Europe a été particulièrement touchée. À Paris on a le souvenir de 7 000 morts en 18 jours au printemps 1832. L’épidémie qui a été chantée à Ascain s’inscrit dans la 3e pandémie de 1839-1859. Elle fut à l’origine d’un déclin démographique enregistré dans l’ensemble de la province côtière de Labourd, alors que les recensements de population d’Ascain faisaient antérieurement état d’une démographie en croissance.

Ce chant basque est « un document exceptionnel, car on trouve très rarement ce type de source dans l’histoire de la maladie et de la médecine », saluent les deux rapporteurs de l’événement.

Frédéric Bauduer et Michel Duvert, « La Presse Médicale » (février 2013).

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9219