Virus réassortant A(H5N1) et A(H1N1)

Une étude fait de nouveau polémique

Publié le 06/05/2013
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Des scientifiques ont pour la première fois combiné du matériel génétique d’un virus influenza aviaire avec celui d’un virus influenza humain, et montré que les souches obtenues peuvent se répandre chez les mammifères et les contaminer. L’étude de Yin Zhang et coll. « renseigne sur la manière dont les virus aviaires produits par des réassortiments pourraient acquérir les caractéristiques requises pour se propager chez l’être humain. » Les mélanges génétiques ou réassortiments de deux virus grippaux différents est historiquement à l’origine des grandes pandémies. Jusqu’ici les scientifiques ignoraient si des formes hautement pathogènes de virus aviaire H5N1 peuvent se combiner à des virus humains très transmissibles, pour donner une nouvelle forme à la fois pathogène et transmissible. Si encore aucun réassortiment n’a été mis en évidence, on connaît des indices dans plusieurs régions du monde : le H5N1 aviaire peut infecter des porcs ; et on sait que H1N1 de la pandémie de 2009 provenait du porc. Ying Zhang et coll. ont procédé à un réassortiment expérimental, en prenant un sous-type de H5N1 isolé de canards, et un H1N1 humain de 2009. Ils ont créé 127 réassortiments entre les deux. Ils montrent que certains des réassortiments sont transmissibles par les gouttelettes aériennes au cobaye (un modèle pour la transmission humaine), « un préalable pour une pandémie. »

Certains spécialistes s’inquiètent des conséquences de l’expérimentation chinoise et redoutent que des scientifiques ne donnent le coup de pouce nécessaire à la nature pour créer des mutants potentiellement incontrôlables. « Ce sont des virus créés par l’homme, ils n’ont jamais été fabriqués par la nature. Ils sont conservés dans un congélateur », a expliqué le virologue Simon Wain-Hobson, de l’Institut Pasteur. Et même si on ignore encore en quoi cet hybride pourrait affecter les humains, « il pourrait s’agir de virus pandémiques » dangereux en cas d’erreur et de fuite d’un laboratoire.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9240