Une patiente argentine pourrait bien être la seconde personne à guérir naturellement du VIH, selon une étude de cas publiée ce mardi 16 novembre 2021 dans les « Annals of Internal Medicine ».
Jusqu'à présent une guérison du VIH n'a été reportée que chez 3 patients. Pour deux d'entre eux, le patient de Berlin et le patient de Londres, il s'agissait de patients qui sont parvenus à entrer en rémission à la suite d'une greffe de cellules souches hématopoïétiques allogéniques provenant de donneurs homozygotes pour une mutation du gène CCR5 (la mutation CCR5Δ32).
La particularité de la patiente décrite par les chercheurs de l'université de Buenos Aires et du Massachusetts Institute of Technology (MIT, basé à Boston), est qu'elle serait parvenue à éliminer totalement le VIH, y compris des réservoirs viraux, sans avoir subi un tel traitement. Diagnostiquée en 2013, cette femme fait partie de la catégorie très restreinte des « elite controllers », c’est-à-dire des patients qui contrôlent leur infection sans avoir jamais été mis sous traitement antirétroviral. Il s'agit donc d'une guérison naturelle, similaire à celle qui avait été répertoriée en 2020, chez une Californienne de 67 ans.
Aucun virus viable détecté
Les chercheurs ont précédé à un séquençage génome entier de 1,188 milliard de cellules mononucléaires du sang périphérique et de 503 millions de cellules mononucléaires issus du tissu placentaire (l'analyse a été faite alors que la patiente était enceinte). Seulement 7 provirus non viables ont été détectés. Toutes les tentatives pour faire se répliquer ces provirus se sont soldées par des échecs. Sur les 150 millions de lymphocytes T CD4+ quiescents également isolés chez la patiente, aucun ne contenait de matériel génétique viral susceptible de faire redémarrer une infection active. Par ailleurs, il n'y avait pas d'ARN viral dans les 4,5 ml de plasma étudiés.
« L'absence de provirus intact dans un très grand nombre de cellules du patient ne constitue pas une preuve de l'absence totale de tels provirus », précisent les auteurs qui concèdent « qu'une guérison stérilisante de l'infection à VIH ne peut pas être prouvée de manière empirique ».
Ce genre de guérison naturelle, extrêmement rare, est très précieuse pour les chercheurs qui vont désormais tâcher de comprendre les mécanismes expliquant ce phénomène. Ce travail est financé par la fondation Bill & Melinda Gates.
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