Depuis l’apparition du virus Zika, un flavivirus transmis par les moustiques, en Amérique latine fin 2015, de nombreuses interrogations ont émergé sur ses interactions immunitaires avec les différents sérotypes du virus de la dengue (DENV1 à -4). L’analyse de cohortes de 3 800 enfants nicaraguayens, qui ont vécu des épidémies séquentielles de DENV 1 à 3 (2004 à 2015), Zika (2016 à 2017) et DENV 2 (2018 à 2020), apporte un éclairage.
Publiée dans « Science », cette analyse confirme des hypothèses antérieures. « L’élément clé que notre étude établit est qu'une infection antérieure à Zika augmente considérablement votre risque de formes à la fois symptomatiques et plus graves de la maladie de la dengue », résume la Dr Leah Katzelnick, de l’École de santé publique de Berkeley, première auteure de l'étude.
La mise au point d’un vaccin se complexifie
Une étude de 2019, menée à partir des mêmes cohortes nicaraguayennes, avait déjà permis d’établir qu’une infection antérieure par le virus de la dengue peut offrir une petite protection contre Zika. La relation inverse n’avait pas été étudiée. L’épidémie massive de virus de la dengue de type 2 (un des sérotypes les plus graves), qui a touché le Nicaragua en juillet 2019, a été l’occasion d’explorer cette piste.
Il ressort de l’analyse que le risque d'une infection symptomatique par DENV2 et celui de développer une forme grave de la maladie étaient augmentés par différentes infections, ou série d’infections, antérieures. Le risque est ainsi plus élevé, par rapport au fait d'être naïf avec un flavivirus, après une infection au virus Zika (ZIKV) ou après une infection par le DENV ou encore après une infection par le DENV suivie d'une infection par le ZIKV.
Une autre observation porte sur la protection offerte par différents niveaux d’anticorps. Ainsi, si un nombre élevé d’anticorps anti-DENV apporte une protection contre les maladies DENV1, DENV2 et ZIKV, « les titres intermédiaires induits par une infection antérieure à ZIKV ou DENV augmentent le risque futur de maladie et de gravité de DENV2, ainsi que la gravité de DENV3 », est-il précisé.
« Cette découverte soulève des questions : un vaccin ciblé uniquement contre Zika pourrait-il réellement exposer les personnes à un risque accru de dengue plus grave ? Et comment pouvez-vous concevoir un vaccin Zika qui n'induit que de bons anticorps qui vous protègent contre Zika, mais qui n'induit pas ces autres anticorps potentiellement stimulants qui sont nocifs contre la maladie ? », s’inquiète la Dr Leah Katzelnick.
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