Animaux de compagnie

Une présence à risque infectieux

Publié le 31/03/2011
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Les chiens

Il y a environ 8,5 millions de chiens en France. Le chien peut contaminer son entourage humain de façon directe (rage, mycose) ou indirecte (terre, ectoparasites). Les morsures (1 million par an aux États-Unis) nécessitent une désinfection soigneuse (car très septique) sans suture pour ne pas introduire les germes profondément dans le derme. La rage est toujours un risque potentiel dans de nombreux pays, mais n’existe plus en France. En cas d’exposition au risque, lors de voyage aventureux en pays d’endémie, la vaccination antirabique est recommandée chez l’homme (3 injections à J10, J7, J21). Tout chien voyageant en Europe doit être vacciné contre la rage (Règlement Européen

998/2003).

Les mycoses cutanées sont transmises à l’homme par contamination directe lors de contacts rapprochés avec un chien porteur de plaques de dépilation. Ces dermatophytes se manifestent par des plaques érythématosquameuses et desquamantes (herpès circiné), dues à Microsporum canis. Les antifongiques locaux sont habituellement efficaces.

En zone tropicale, le chien peut être porteur de parasites intestinaux (A. caninum) qu’il élimine avec ses excréments. Les larves traversent la peau des personnes marchant pieds nus dans la terre ou le sable, et provoquent des sillons cutanés érythémateux prurigineux (Larva migrans cutanée).

Le jeune chiot est souvent porteur d’ascaris (Toxocara canis) dont les œufs sont éliminés avec les excréments. Après ingestion, les larves non adaptées à l’homme, vont errer dans différents organes (foie, poumon, œil) provoquant le syndrome de Larva migrans viscérale, marqué par une asthénie, une fièvre, une hépatosplénomégalie ou un syndrome pulmonaire. Le diagnostic n’est que sérologique.

Plus grave, est l’ingestion d’embryophores d’Echinococcus granulosus, ou tænia du chien, avec les crudités. Ce tænia se développe à l’état larvaire chez l’homme sous forme de masse liquidienne (kyste hydatique) dans le foie, le poumon ou divers organes. Le traitement en est l’ablation chirurgicale.

Les chats

Il y a plus de 9 millions de chats en France, qui sont responsables de 3 à 15 % des morsures animales. Le chat peut être porteur de mycose provoquant par contact direct, des dermatomycoses. Il faut naturellement, traiter l’enfant atteint mais aussi le chat.

Il peut être aussi porteur de puces qui passent chez l’homme. Outre les « allergies » au poil de chat (en fait allergie à la salive du chat répandu sur le pelage), les griffures sont responsables de la lymphoréticulose bénigne d’inoculation (maladie des griffes du chat) provoquant une polyadénopathie satellite. Les antibiotiques sont utiles pendant trois semaines.

Enfin, le chat est le réservoir de toxoplasme. Les oocystes sont éliminés avec les selles et l’homme s’infeste par ingestion soit de crudités, soit de viande peu cuite (en particulier de mouton).

Les poissons

Les poissons d’aquarium (28 millions) n’ont pas de risque particulier en eux-mêmes, mais l’immersion des mains dans l’aquarium de poissons exotiques peut provoquer la formation d’un granulome cutané dû à Mycobacterium marinum. Le traitement nécessite l’association rifampicine-clarithromycine-éthambutol. Burkholderia pseudomallei (mélioïdose) et Erysipelathrix (rouget du porc) peuvent être retrouvés dans l’eau des aquariums.

Les oiseaux

Les oiseaux de compagnie (8 millions) peuvent être porteurs de salmonellose, de yersiniose, de psittacose (perruches, perroquets) de cryptosporidiose, ou encore de cryptococcose (pigeons). Cette mycose apparaît chez les sujets immunodéprimés (sida, greffe, immunosuppresseurs) sous forme de syndrome méningé subaigu. Certaines personnes entretiennent des chauves-souris, réservoirs éventuels de rage et d’histoplasmose.

Les rongeurs

Il y a 2,3 millions de rongeurs hébergés comme animaux de compagnie (hamsters, cochons d’Inde, souris, chinchillas, rats, écureuils), qui peuvent être porteurs de nombreux germes. Le furet est devenu, en nombre, le troisième animal de compagnie. Ces rongeurs peuvent être responsables de salmonelloses, yersiniose, leptospirose, chorioméningite lymphocytaire, giardiase, cryptosporidiose, babésiose et de certaines dermatophytoses. Aux États-Unis plus de 340 cas de peste ont été recensés depuis vingt ans, dus au contact avec les rongeurs dans les parcs nationaux.

Les lapins

Le lapin apparaît de plus en plus apprécié comme animal de compagnie, mais il peut être responsable de pasteurellose, de lymphogranulomatose bénigne d’inoculation, de yersiniose, de tularémie et de dermatophytoses.

Les singes

De plus en plus de personnes rapportent des petits singes de leurs voyages tropicaux. Mais ces singes peuvent être porteurs d’affections transmissibles : pasteurelloses, lymphogranulomatose d’inoculation, ou campylobactériose. En outre, les griffures et morsures peuvent provoquer des infections à germes banals et la rage.

Les reptiles

La mode des nouveaux animaux de compagnie consiste à héberger divers reptiles, serpents, lézards, caméléons, iguanes, ou tortues (5 % des animaux de compagnie). Ces animaux sont porteurs de salmonelloses (chez 90 % des reptiles), de campylobactériose ou de cryptosporidiose. Plus de 3 % des foyers américains hébergent un reptile.

Les arachnides et insectes

La passion de certains amateurs d’animaux exotiques les pousse à garder à domicile des animaux potentiellement dangereux (mygales, scorpions). Le risque est surtout celui d’une morsure ou d’une piqûre venimeuse, souvent très douloureuse avec une grosse réaction locale ou régionale, mais rarement mortelles.

Au total

Ainsi, un animal de compagnie est une présence appréciée. Mais, il doit être suivi par le vétérinaire (vaccinations, vermifugations régulières). Les risques sont accentués, avec les nouveaux animaux de compagnie, importés de régions exotiques, souvent en fraude, et surtout sans avis vétérinaire.

Références

Despommier D. Toxocariasis : clinical aspects, epidemiology, medical ecology and molecular aspects Clin Microbiol Rev 2003 ; 16 (2) 265-272.

Bourée P, et coll ; Larva migrans viscérale de l’adulte avec manifestations pulmonaires sévères. Presse Med 1997 ; 26 (2) : 70-72.

Morrisson G. Zoonotic infection from pets. Understanding the risk and treatment. Post graduate Med 2001 ; 110 (1) : 24-48.

PR PATRICE BOURÉE Unité des Maladies Parasitaires et Tropicales 78, rue du général Leclerc, 94275 Kremlin-Bicêtre

Source : Le Quotidien du Médecin: 8935