Une superbactérie, souche mutante d'E. Coli, alarme les États-Unis

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Publié le 27/05/2016
e coli

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Crédit photo : PHANIE

Une souche mutante d'E. coli, mcr-1, sème l'inquiétude outre-Atlantique. Elle est considérée par les CDC comme l'une des plus grandes menaces de santé publique. Cette super-bactérie, résistante aux antibiotiques, découverte récemment en Europe et en Chine chez des humains et des animaux a été retrouvée pour la première fois sur le sol américain. Elle a été identifiée chez une femme de 49 ans qui souffrait d’une infection urinaire, rapporte une équipe du réseau de surveillance des organismes multirésistants (MRSN) de l'Institut de recherche militaire Walter Reed (WRAIR) dans la revue « Antimicrobial Agents and Chemotherapy ».

Avec un taux de mortalité pouvant aller jusqu'à 50 %, mcr-1 résiste à tous les antimicrobiens, y compris la colistine, utilisée en dernier recours pour combattre ce type de super-bactéries. « C'est un antibiotique ancien mais le seul encore efficace contre cette bactérie cauchemardesque » qui appartient à la famille des carbapenem-resistant Enterobacteriaceae (CRE), a expliqué le Dr Thomas Frieden, directeur des Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

Un gène tranférable de résistance à la colistine

La colistine est commercialisée depuis 1959. Fin 2015, la première identification en Chine d'un gène transférable résistant à la colistine avait semé l'inquiétude. Plusieurs cas ont été rapportés depuis, en Europe, au Canada, avant ce dernier, aux États Unis.

« La colistine est l'un des médicaments les plus efficaces contre les bactéries à très haute résistance. L'émergence de ce gène transférable qui leur confère une résistance à cet antibiotique vital est extrêmement préoccupante. La découverte de ce gène aux États Unis appelle à renforcer la surveillance pour en identifier les réservoirs, pour pouvoir prévenir sa propagation », alerte le Dr Patrick McGann, principal auteur de l'étude.

En France, les bactéries résistantes font 12 500 morts par an

Jusqu’à 30 % des antibiotiques oraux prescrits en consultation par des médecins aux États-Unis sont inappropriés, selon une récente étude publiée dans le « JAMA ».
Ce mauvais usage des antibiotiques est la principale cause du développement des résistances microbiennes qui touchent 2 millions de personnes aux États-Unis et provoquent 23 000 morts par an. Dans l'Union européenne, les bactéries pharmacorésistantes seraient responsables chaque année de 25 000 décès, selon l'OMS, avec des coûts s’élevant à plus de 1,3 milliard d'euros en frais de santé et pertes de productivité.

En France, chaque année, plus de 150 000 patients développent une infection liée à une bactérie multirésistante, et plus de 12 500 personnes en meurent, soulignait le Dr Jean Carlet, dans son rapport remis cet automne à la ministre de la Santé. Plus globalement, la résistance aux antibiotiques devrait causer, selon lui, 10 millions de morts par an en 2050.

Betty Mamane

Source : lequotidiendumedecin.fr