VIH : des chercheurs de Pasteur ont réussi à transformer des lymphocytes T en CD8+ de patients supercontrôleurs

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Publié le 05/05/2022
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Crédit photo : PHANIE

Les chercheurs de l'Institut Pasteur étudient depuis longtemps les rares patients - ils représentent environ 1 % des malades - capables de contrôler leur infection par le VIH sans traitement, notamment via la cohorte Visconti composée de « super contrôleurs ». L’enjeu est de comprendre les mécanismes à l'œuvre chez ces patients, ainsi que les moyens de les exploiter dans le cadre de nouvelles stratégies de traitement.

Selon les données publiées dans le « Journal of Clinical Investigation », ces travaux de longue haleine pourraient bien être en train d'aboutir. Le groupe « Réservoirs et contrôle viral » de Pasteur, dirigé par Asier Sáez-Cirión, est parvenu à reprogrammer des cellules T CD8+ de personnes non contrôleuses pour leur faire adopter le même comportement que celles des patients contrôleurs. Cette reprogrammation a été réalisée in vitro. Elle a été rendue possible par l'identification préalable des voies de signalisation à l'œuvre dans la différenciation des CD8+ chez les patients contrôleurs et d'une molécule capable de les activer : un inhibiteur de GSK3.

Des cellules efficaces et immortelles

Depuis 2007, les chercheurs de l'Institut Pasteur ont décodé la manière dont les lymphocytes T CD8+ de patients contrôleurs parviennent à détruire rapidement les cellules T CD4+ infectées. Ils ont mis en évidence au niveau moléculaire une capacité antivirale accrue de ces CD8+ contre le VIH, ainsi qu'une propension à survivre, alors que les cellules des patients non contrôleurs sont programmées pour mourir au bout d'un temps déterminé. C'est cette double caractéristique particulière que les chercheurs ont induite in vitro à l'aide d'un inhibiteur de GSK3, avec succès, dans des lymphocytes de patients non contrôleurs.

Le prochain objectif est de mettre au point une thérapie cellulaire consistant à isoler les cellules de personnes non contrôleuses, les reprogrammer ex vivo puis à les réinjecter, avant une éventuelle interruption du traitement.

La lutte contre VIH pourrait ne pas être le seul domaine d'application de cette approche thérapeutique mise au point à Pasteur. Les auteurs évoquent une possible utilisation pour induire une réponse durable contre le cancer.


Source : lequotidiendumedecin.fr