La gériatrie ou l’âge de la maturité

LES PROFESSIONNELS de la gériatrie étaient rassemblés à Paris, hier, dans le cadre des journées de la Société française de gériatrie et de gérontologie. À cette occasion, le Collège national des professionnels de gériatrie (CNPG) a présenté un livre blanc consacré à cette discipline, devenue spécialité médicale en 2004. « Le premier livre blanc de 2004 était consacré à la gériatrie, le second l’est davantage aux gériatres », commente le Dr Marc Bonnel, coordonnateur de cet ouvrage de 300 pages.

Deux ans de travail ont été nécessaires pour compiler deux études sur le profil des quelque 5 000 gériatres français et sur leur activité, le référentiel métier de la profession (encadré) et un état des lieux des besoins gérontologiques de notre pays.

Les auteurs du livre blanc se sont fixés comme objectif de « mieux faire connaître les spécificités et l’organisation de la gériatrie ». Dans ce but, ils publient les résultats de deux enquêtes exclusives réalisées fin 2010 par les Observatoires régionaux de santé de Bretagne et d’Aquitaine. L’une d’elles, menée auprès de 815 gériatres hospitaliers du secteur public, permet de déterminer que près de 9 professionnels sur 10 sont détenteurs de la capacité de gérontologie, un cursus de deux ans à l’issue du DES. À leurs côtés, 8 % ont obtenu le diplôme d’études spécialisé complémentaire (DESC) de gériatrie créé en 2004.

L’âge moyen du médecin à l’obtention de son diplôme est de 36 ans. Sept gériatres sur dix n’exercent qu’à l’hôpital et huit sur dix le font à temps plein. Plus de la moitié des gériatres interviennent dans une consultation gériatrique (58 %) ou de mémoire (55 %). L’exercice de la médecine aiguë gériatrique, de soins de suite et de réadaptation concerne 40 % des médecins tandis que les consultations avancées hors établissement (7,9 %) ou en réseau externe (4,2 %) demeurent marginales. Les professionnels disent consacrer 54 % de leur temps aux soins devant les activités de consultation (18 %), les tâches administratives (17 %), l’enseignement et la formation continue (7 %) ou d’autres activités gérontologiques (4 %).

Ce livre blanc s’adresse avant tout aux gériatres mais il peut également aider les institutions à mieux connaître ce pan de l’activité médicale appelé à tenir un rôle majeur à l’heure où les plans de santé publique se succèdent : solidarité grand âge 2007-2012, "Bien vieillir", développement des soins palliatifs, Cancer ou encore Alzheimer 2008-2012. Le Pr Claude Jeandel, président du CNPG et coordinateur scientifique du livre blanc, se réjouit d’ailleurs de l’attrait de plus en plus fort des jeunes générations pour la gériatrie. « Le nombre d’internes en formation a doublé en cinq ans et le DESC de gériatrie en compte aujourd’hui 250 », soulève-t-il, plein d’espoirs.