Le collectif « HPV maintenant » dénonce le retard à passer au test HPV pour le dépistage du cancer du col de l'utérus

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Publié le 19/04/2019
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Crédit photo : PHANIE

Si tout le monde se félicite du lancement du dépistage organisé (DO) du cancer du col de l'utérus, les modalités ne font pas l'unanimité. « Tous les pays au monde ont basculé vers le test HPV, souligne le Dr Richard Fabre, biologiste à Toulouse et porte-parole du collectif “HPV maintenant”. La France ne fait pas les choses dans le bon sens. Elle est la seule à rentrer dans le DO avec le frottis cervico-utérin (FCU) en test primaire. La logique veut qu'il faut utiliser d'abord le test HPV, le plus sensible, puis en triage le FCU, le plus spécifique. »

Le collectif composé à la fois de professionnels de santé et de patients fait entendre sa voix pour dénoncer « l'attentisme des autorités » à organiser la bascule vers le test HPV. « Il y a urgence, insiste le Dr Geneviève Ferret, biologiste médical dans la région de Lyon. C'est un cancer totalement évitable. Près de 30 % des femmes ayant un cancer du col de l'utérus avaient des FCU normaux. »

La France à la traîne

Le test HPV est utilisé en test primaire aux Pays-Bas, en Suède, en Norvège, en Italie, en Australie et récemment en Belgique et en Irlande. Quant à l'Allemagne et les États-Unis, ces deux pays ont fait le choix du co-testing associant test HPV et FCU.

La lourdeur et la lenteur du circuit de validation institutionnelle du test HPV sont dans le collimateur du collectif. « Le test moléculaire HPV existe depuis près de 20 ans », fait valoir Richard Fabre. Alors que l'Institut du cancer (INCa) a rendu fin 2016 son rapport final sur la place du test HPV, l'étape suivante est le rendu de l'évaluation de la HAS, qui se fait attendre.

Lenteur institutionnelle

« Les raisons des autorités pour différer le test HPV en test primaire sont organisationnelles et budgétaires, s'agace Geneviève Ferret. Quand la bascule se fera-t-elle ? On ne sait pas. Il faudrait éviter d'y entrer suite à un scandale sanitaire, comme cela a été le cas pour l'Irlande avec l'affaire Vicky Phelan. » Le test HPV coûte aujourd'hui 27 euros contre 17 euros pour le FCU.

« Un cancer invasif du col de l'utérus est un échec complet, développe le Dr Joseph Monsonego, gynécologue à Paris. C'est le constat de deux approches faillibles : le manque de participation, – 65 à 70 % des femmes ne réalisent pas le dépistage au rythme suggéré –, et la sensibilité du test. Le frottis n'a de sens que réalisé à un rythme régulier et son manque de sensibilité peut aller jusqu'à 30-40 %. »

Un test performant permettant d'espacer l'intervalle

À l'inverse, le test moléculaire augmente de près d'un tiers la détection des lésions précancéreuses et diminue le nombre de cancers. « Un test HPV négatif permet d'élargir l'intervalle de dépistage à 5 ans, ajoute Joseph Monsonego. Les Pays-Bas vont même jusqu'à 10 ans. Avec un test négatif, on a la certitude à 99 % qu'il n'existe pas de lésion précancéreuse. L'inconvénient de ce test est qu'il ne faut pas l'utiliser trop tôt, pas avant 30 ans, 25 % des femmes de cet âge étant porteuses et la majorité allant l'éliminer naturellement. » Un test positif permet de cibler une population à risque (10 à 12 % des femmes) pour un second triage mais également de libérer les autres.

Le collectif plaide également pour l'envoi rapide de kits d'autoprélèvements pour toucher les femmes non participantes au DO et/ou de milieu défavorisé, ce qui est envisagé dans la stratégie du DO actuelle sans calendrier précis.

Conférence de presse du 18 avril 2019 à Paris


Source : lequotidiendumedecin.fr