L'EFS lance un appel urgent à la mobilisation des donneurs

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Publié le 14/06/2016
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don sang

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Crédit photo : S. TOUBON

À l'occasion la Journée mondiale des donneurs de sang de ce mardi 14 juin (date de la naissance de Karl Landsteiner, découvreur des groupes sanguins), l'établissement français du sang (EFS) lance un appel urgent à la mobilisation des donneurs. Le 14 juin est un jour crucial pour l'EFS qui collecte en moyenne 70 000 dons ce jour-là, dont 13 000 provenant de nouveaux donneurs, contre 10 000 les autres jours de l'année.

« Nos réserves de sang s'élèvent à 9 jours, ce qui n'est pas alarmant, explique Rachid Djoudi, directeur de l'EFS pour la région Île-de-France, mais nous aimerions passer à 12  jours de stock à la veille de l'Euro. » La situation est contrastée selon les régions : « L'Île-de-France, traditionnellement non autosuffisante, est une des régions les plus en difficultés », poursuit Rachid Djoudi, qui précise que la situation est sensiblement la même que l'année dernière. « Depuis la création de l'EFS, l'Île-de-France a toujours été dépendante des autres régions, nous avons fait de gros efforts pour gagner quelques pourcents, grâce aux associations de donneurs de sang dont nous favorisons la création », poursuit-il.

La revanche sur le plasma

Suite à la décision du Conseil d'État qui reprenait un jugement de la Cour de justice de l'Union européenne, le plasma traité par solvant détergent (PFC-SD) a perdu sa qualification de produit sanguin pour devenir un médicament, ce qui a cassé le monopole de l'EFS. L'établissement s'est donc recentré sur les deux autres formes de plasma : plasma sécurisé par quarantaine (PFC-Se) et plasma traité par amotosalen (PFC-IA). L'EFS n'a en effet pas la qualification d'établissement pharmaceutique qui l'autorise à vendre du PFC-SD.

L'EFS affiche toutefois sa volonté d'intensifier sa collecte de PFC-Se et PFC-IA qu'elle compte commercialiser, car ils entrent de plus en plus dans la fabrication des médicaments dérivés du sang. Les sites de l'EFS de Bordeaux, Lille et Rennes ont été remaniés pour améliorer l'efficience de la collecte de produits plasmatiques. À Rennes, une maison du don a ouvert le 8 avril dernier, qui a été réorganisé de manière à placer la collecte de plasma au centre de son activité.

Générosité d'un jour

Lors d'une conférence de presse organisée en amont de la Journée mondiale des donneurs de sang, François Toujas est également revenu sur la période de tension très forte qui a résulté des attentats du 13 novembre. « Au cours du week-end, nous avons dû délivrer 3 fois plus de produits sanguins que lors d'une période normale : environ 900 produits, détaille-t-il, cela n'a pas mis en péril nos stocks qui étaient de 10 000 produits. »

Dans la foulée des attentats, l'EFS a fait face à un afflux de dons : + 80 % au cours du week-end qui a suivi (comparé à un week-end classique) et + 55 % dans le mois. Selon Rachid Djoubi, « on pourrait penser que c'était l'occasion de capitaliser sur cette générosité. Nous avons essayé de fidéliser les nouveaux donneurs en envoyant des invitations dans les mois qui ont suivi, mais la littérature scientifique publiée suite aux attentats de Londres et de Madrid nous apprend que cette fidélisation ne se fait pas. » Une notion désormais confirmée en France.

Une telle masse de dons aurait pu déboucher sur un immense gâchis, puisque les globules rouges ont une durée de péremption de 45 jours et les plaquettes de 5 jours. Il n'en a été rien, selon François Toujas qui affiche « un taux de péremption qui n'a pas dépassé 0,1 % ».

Nouvelles règles dès le 10 juillet en cas de rapports homosexuels

Autre actualité de l'EFS : l'application du décret du 10 avril transformant l'interdiction du don du sang aux hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes en contre-indication temporaire de 12 mois. « Ce décret sera appliqué à partir du 10 juillet », assure François Toujas. L'EFS va aussi devenir cet été le premier opérateur au monde à appliquer les mêmes conditions pour le don de plaquettes à tous les donneurs : interdiction du don si un changement de partenaire sexuel a eu lieu au cours des 4 derniers mois, quelle que soit l'orientation sexuelle.

Dernière modification dans le mode de fonctionnement de l'EFS : les interrogatoires des donneurs déjà enregistrés pourront être faits par des infirmiers, afin de faire face à la pénurie de médecins. En 2015, une expérimentation a eu lieu : 112 000 questionnaires ont été menés par des non-médecins dans les centres de dons de l'EFS.


Source : lequotidiendumedecin.fr