Arthrose

Importance des traitements non pharmacologiques

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Publié le 08/04/2019
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Toutes les recommandations de l'EULAR (European League Against Rheumatism) [1] et de l'OARSI (Osteoarthritis Research Society International) [2] concernant la prise en charge de l'arthrose, préconisent l'association des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques.

« Le traitement pharmacologique antalgique est notamment prescrit pour permettre au patient d'avoir recours au traitement non pharmacologique (activité physique…) qui occupe une place prépondérante dans l'arthrose périphérique », indique le Pr Yves Henrotin (Université de Liège, Belgique).

Des recommandations centrées spécifiquement sur les traitements non pharmacologiques de l'arthrose ont été publiées par l'EULAR (3). Elles prennent en compte le patient et son environnement, ainsi que ses attentes. L'accent est mis, sur l'éducation thérapeutique et sur l'importance de l'adhésion du patient aux traitements non pharmacologiques dont l'intérêt est majeur. La prise en charge d'une pathologie chronique comme l'arthrose suppose un changement de comportement et de mode de vie des patients. Ces derniers doivent être éduqués sur leur maladie et comprendre l'objectif des traitements proposés.

Travailler sur la volition des patients

Pour être efficace, la prise en charge de l'arthrose doit être personnalisée en fonction de la maladie, des capacités et des objectifs de chaque patient.

L'approche doit être pluridisciplinaire (ergothérapeutes, médecins, kinésithérapeutes, psychologues…)

« Toutes les recommandations sont unanimes, l'approche non pharmacologique est multimodale : information, éducation, réduction d'une surcharge pondérale, activité physique et recours si besoin aux aides techniques (orthèses, genouillère, semelle…). Il faut tenir compte des préférences, des besoins du patient et de ses ressources (accès à une salle de sport, à un kinésithérapeute…), confirme le Pr Yves Henrotin. L'objectif est d'augmenter l'adhésion du patient à sa prise en charge. Il faut développer ses capacités volitionnelles pour qu'il passe à l'acte. La thérapie cognitivo-comportementale peut l'aider : les psychologues travaillant à lever les barrières à la pratique des exercices physiques ». Toutes les stratégies d'autogestion (relaxation, méditation…) peuvent être utiles.

Alterner les différents types d'exercice physique

Les patients atteints d'arthrose des membres inférieurs doivent pratiquer régulièrement des exercices physiques adaptés à leur état pour atténuer leur douleur et leur permettre d'améliorer leur capacité fonctionnelle. « Ils peuvent bénéficier de quatre grands types d'exercices : cardiorespiratoires aérobie, de résistance pour le renforcement musculaire, d'assouplissement et de contrôle neuromusculaire », précise le Pr Yves Henrotin. Le recours à un kinésithérapeute, à un professionnel de santé ou un coach sportif pour l'apprentissage des exercices appropriés est utile.

Au début, il faut mettre l'accent sur les moyens et les traitements pouvant être mis en place par le patient lui-même à son domicile, plutôt que sur les traitements passifs délivrés par des professionnels.

Les autres recommandations sont les mêmes que celles s'adressant à l'ensemble de la population qui préconisent 3 à 5 séances hebdomadaires, d'une demi-heure à une heure d'activité physique. « L'idéal est d'alterner des séances d'activité modérée (marche, golf…) avec des séances d'activité plus intense pour arriver à dépenser 500 à 1000 MET-minutes par semaine ».

Les bienfaits de l'activité physique sont largement confirmés dans de nombreuses études.

Good Life with Arthritis in Denmark (GLA:D), par exemple, est un programme de sensibilisation et d'exercices axés sur l'entraînement à l'intention des personnes atteintes de gonarthrose. En renforçant et en corrigeant des mouvements qu'ils font au quotidien, les participants s'entraînent à bouger convenablement. Les études menées dans le cadre de ce programme montrent une réduction de la progression des symptômes, de l'intensité de la douleur et de la prise d'antalgiques.

Enfin, les orthèses articulées, pour une mise en décompression, également incluses dans les recommandations, ont aussi démontré leur efficacité dans le traitement de la gonarthrose. Mais, il faut éviter de les porter systématiquement : elles ne doivent pas se substituer aux exercices de renforcement musculaire.

(1) Jordan K et al. Eular recommandations 2003; an evidence based approach to the management of knee osteoarthritis: report of Task Force of the European Standing Committee for International Clinical Studies Therapeutic Trials (ESCISIT). Ann Rheum Dis. 2003;62:1145-55.
(2) McAlindon TE, Bannuru RR, Sullivan MC, et al. OARSI guidelines for the non-surgical management of knee osteoarthritis. Osteoarthritis and Cartilage 2014(22):363-88.
(3) Fernandes L, Hagen KB, Bijlsma JW et al. EULAR recommandations for the non-pharmacological core management of hip and knee osteoarthritis. Ann Rheum Dis 2013;72(7):1125-35.

Christine Fallet

Source : Bilan Spécialiste