Moyennant quelques précautions

La plongée, c’est possible !

Publié le 24/03/2023
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Longtemps interdite aux diabétiques, la plongée sous-marine est depuis plusieurs années déjà, accessible aux diabétiques adultes et adolescents, sous certaines conditions.
On retirera sa pompe mais on peut garder son lecteur de glycémie

On retirera sa pompe mais on peut garder son lecteur de glycémie
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Même si en 1998, la Société francophone du diabète (SFD) a recommandé l’activité physique et sportive chez tous les diabétiques, la plongée sous-marine est longtemps restée interdite en cas de diabète de type 1. La raison principale est le risque présumé d’hypoglycémie et de noyade. « C’est entre 2003 et 2004 que le Dr Boris Lormeau a commencé à mener des études démontrant qu’il n’y avait pas de surrisque d’accident de plongée lié au diabète. Au vu de ces résultats positifs, la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM), a levé en 2005 son interdiction de plongée pour les diabétiques de type 1 âgés de plus de 18 ans, dans le cadre d’un protocole de mise à l’eau précis et sous certaines restrictions », explique la Dr Lise Dufaitre-Patouraux (hôpital Saint-Joseph, Marseille).

Deux certificats médicaux

Ainsi, la plongée sous-marine est possible, moyennant certaines précautions afin d’éviter une hypoglycémie sous l’eau.

Deux certificats médicaux sont nécessaires : un certificat préalable signé par le diabétologue traitant et certificat final signé par médecin de la FFESSM, qui remet au plongeur la lettre d’information.

Le certificat médical de non-contre-indication est remis par l’endocrinologue qui suit régulièrement le patient (au moins trois fois par an depuis un an). Il faut que le patient soit ne soit pas trop mal équilibré depuis plus d’un an (HbA1c < 8,5 %), que l’autosurveillance glycémique soit régulière, qu’il n’ait pas fait d’hypoglycémie sévère, ni d’acidocétose dans l’année précédente et qu’il ne présente aucune complication secondaire au diabète (en particulier pas de neuropathie périphérique). Il faut bien sûr qu’il sache gérer son diabète (reconnaître une hypoglycémie, maîtriser l’insulinothérapie et savoir prévenir l’hypoglycémie en cas d’activité sportive).

Les doses d’insuline seront abaissées la veille et le jour de la plongée.

Sur le site de la FFESSM*, il est possible de télécharger les certificats et protocoles de mise à l’eau.

Autorisation élargie aux jeunes ados

« Après cette autorisation pour les adultes, il nous a semblé important de s’intéresser aux jeunes diabétiques (de 14 à 18 ans). C’est ainsi que nous avons organisé en 2016, avec le Dr Boris Lormeau et l’équipe de l’association Diabète et Plongée** (présidée par Guillaume Goury), le projet ‘Les jeunes diabétiques plongent à Mayotte’. Il n’y a eu aucun incident. Tout s’est très bien passé », rapporte la Dr Dufaitre-Patouraux.

À partir de 2017, plongée subaquatique a dès lors été ouverte aux adolescents à partir de 14 ans (avec double certificat et autorisation parentale).

Les recommandations générales sont les mêmes que pour les adultes : plongée soit à 20 mètres de profondeur en autonomie et jusqu’à 40 mètres, accompagnée par un professionnel, limitée à 30 minutes.

« Il faut, bien sûr, enlever la pompe à insuline avant la plongée car, même si elle est étanche, c’est la pression sous l’eau qui peut être dangereuse et envoyer importunément de l’insuline… Concernant les risques d’hypoglycémie, il faut tenir compte de la température de l’eau, de la profondeur et du palmage sous l’eau », détaille la Dr Dufaitre- Patouraux.

Il ne faut pas plonger si les conditions majorent les risques d’hypoglycémie : houle, courants, température < 14 °C (sauf si port d’une combinaison étanche).

Quant au capteur de glycémie, il peut aller dans l’eau et tenir jusqu’à une heure sans se décoller. Les courbes de glycémie sont lues au retour.

« Les diabétiques de type 1 ne doivent plus être exclus de la plongée subaquatique. C’est un sport comme les autres, le risque est contrôlé et contrôlable, pourvu que les patients se fassent plaisir », souligne la spécialiste.

Exergue : « Il n’y a pas de surrisque d’accident lié au diabète »

Entretien avec la Dr Lise Dufaitre-Patouraux (hôpital Saint-Joseph, Marseille).   

* medical.ffessm.fr

** www.diabeteplongee.fr

Dr Christine Fallet

Source : Bilan Spécialiste