APRÈS LA TRANSPOSITION en droit français, en juillet 2008, de l’accord-cadre européen sur le stress au travail, la prévention du stress fait aujourd’hui l’objet d’un plan d’urgence. Le stress au travail est devenu l’une des priorités du deuxième plan Santé au travail. Il serait temps…
« En France, on ne dispose toujours pas d’enquête nationale spécifique sur le stress au travail », souligne le Dr Patrick Légeron (psychiatre, co-auteur d’un rapport sur le stress au travail remis en 2008 à Xavier Bertrand, alors ministre du Travail) qui avait proposé à l’époque de « construire un indicateur national neutre, transversal et scientifique pour mesurer l’ampleur du problème en combinant approche ergonomique et regard médical ».
«On nous donne le nombre exact de personnes ayant eu la grippe A, mais en revanche, on ne dispose d’aucune donnée sur le nombre de suicides au travail », insiste le Dr Légeron. D’après une enquête européenne, plus de 20 % des salariés seraient exposés à un stress à niveau dangereux pour leur santé (anxiété, dépression, troubles cardio-vasculaires…)
Si la prévention des risques psychosociaux est essentielle pour assurer le bien-être des salariés, elle est aussi un enjeu pour l’efficacité économique des entreprises. Le Bureau international du travail (BIT) évalué le coût du stress au travail, dans les pays industrialisés, entre 3 et 4 % du PIB. Et la France détient le record d’absentéisme en Europe. « Une journée sur deux perdues est due à un problème de stress », dénonce le Dr Légeron.
Le rôle des médecins du travail.
« La santé au travail dépend du ministère du Travail et non pas du ministère de la Santé, cela est catastrophique… », estime le Dr Ange Mezzadri (AFTIM, Association française des techniciens et ingénieurs de sécurité et des médecins du travail). « Les médecins du travail sont dans une position inconfortable dans l’entreprise mal vus du patronat et mal considérés par les salariés…Nous sommes condamnés à appliquer un code du Travail obsolète et incohérent… Il faudrait revoir nos missions. »
Certains pays sont beaucoup plus en avance que nous (Canada, Europe du Nord) et ils ont déjà repensé le management vers une dimension plus humaine.
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