Un plan doté d'un budget de 2,5 millions d’euros

La Belgique veut mieux lutter contre le burn-out

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Publié le 11/03/2019
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Crédit photo : Phanie

C'est le grand mal du travailleur contemporain. Il s'insinue subrepticement, au coin des bureaux, guettant ceux et celles qui s'usent, se fatiguent et perdent finalement pied au travail. Le burn-out, ou épuisement professionnel, pousse chaque année des milliers de salariés à la rupture et à l'arrêt maladie. Longtemps négligé par les autorités belges, celles-ci ont décidé de réagir, et de prendre à bras-le-corps cet enjeu de santé publique.

L'Agence fédérale des risques professionnels belge (Fedris) a lancé en janvier un projet pilote, préalable au lancement d'un grand « plan burn-out » en Belgique. Voulu par la ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, la flamande Maggie De Block, il est crédité d'un budget de 2,5 millions d'euros et doit durer 3 ans. Deux secteurs ont été plus particulièrement ciblés, qui enregistrent une prévalence de burn-out en leur sein : la santé et la finance. Les travailleurs multipliant de courts arrêts de travail depuis moins de 2 mois sont priorisés.

L'enjeu n'est pas moindre. En Belgique, 400 000 personnes étaient indemnisées au titre de l'incapacité au travail en 2017, pour un coût global de 7,1 milliards d'euros. Parmi elles, 28 000 (7 %) étaient concernées par un burn-out. Un travailleur sur six serait menacé et, plus inquiétant, le phénomène est en progression : aujourd'hui, le stress et le burn-out sont responsables en Belgique d'un tiers du nombre total des jours d'absence ; aucune profession n'est épargnée.

Médecin traitant dépisteur

Le plan imaginé par Fedris, testé actuellement sur plusieurs centaines de candidats dépistés en burn-out, repose sur un parcours d'accompagnement innovant. Posté en amont, le médecin généraliste y joue un rôle prépondérant : celui de détection et de diagnostic. C'est lui, en effet, qui oriente les patients qu'il suspecte être en épuisement professionnel vers le programme de prise en charge. Si le diagnostic est confirmé, c'est encore lui qui, avec son patient, remplit le formulaire d'engagement dans la démarche. Il restera informé du suivi de son patient durant la durée d'accompagnement, et recevra le rapport final.

La densité du programme témoigne de son ambition : il propose, sur une durée pouvant aller jusqu'à 9 mois, quatorze séances personnalisées, pluridisciplinaires et gratuites, réparties en deux phases. La première comprend 2 à 4 séances de type « Clinique du stress et du travail », pour permettre au travailleur d'exprimer sa souffrance, lister ses ressources, analyser les causes du burn-out et étudier les aspects légaux. Parallèlement, 3 séances individuelles, baptisées « Starter Kit », lui prodiguent les bases en termes de « bien-être – santé » (gestion du stress, hygiène de vie).

La seconde phase, composée de 7 séances de soutien et d'accompagnement, met cette fois en jeu une approche psychocorporelle et/ou cognitivo-émotionnelle. « L'idée est de porter attention au corps (relaxation, sophrologie, massages), mais aussi au facteur psychologique, en identifiant les comportements et pensées qui causent la souffrance psychologique, et ainsi travailler à déconstruire ces schémas », explique Ingrid Le Roux, la responsable du projet chez Fedris.

Pour mener à bien son expérimentation, l'agence de prévention a imaginé un nouveau métier : l'intervenant burn-out. Diplômé en sciences psychologiques spécialité travail et organisation ; en psychiatrie ou en médecine du travail ou générale, cet intervenant doit justifier de trois années d'expérience minimum. Il suit le travailleur du début à la fin, et peut jouer les intermédiaires avec l'employeur si nécessaire.

Bruxelles

Benjamin Leclercq

Source : Le Quotidien du médecin: 9731