« Donner un peu d'air aux confrères surchargés », le tour de France du remplacement du Dr Martial Jardel, en camping-car !

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Publié le 27/02/2021

Crédit photo : Philippe Jardel

Fraîchement diplômé, le Dr Martial Jardel a décidé de commencer sa carrière de généraliste en donnant « un peu d’air à des confrères surchargés ». Comment et où ? En les remplaçant, « en leur permettant de prendre quelques jours de vacances », partout en région. Notamment dans les déserts médicaux. De mars à août, à bord de son camping-car de 7 mètres, le Dr Jardel va sillonner la France. En tout, onze étapes et plus encore de rencontres. Cher, Jura, Haut-Rhin, Meuse, Nord, Manche, Morbihan, Landes, Ariège, Vaucluse, Corse... son tour de France des remplacements est construit. Son site Internet et les formulaires d'inscription pour les confrères également. « Je m'en vais soigner », dit-il. Il aurait pu partir à l'étranger, faire de l'humanitaire très loin... mais cette boucle qui aura pour départ Sancerre, le 22 mars prochain, lui fera aussi « découvrir cette France que je connais si mal ». 

 

Carte Jardel

 

Ce projet solitaire est une aventure qui lui frise la moustache depuis un bon moment déjà. « Je ne pars pas en vacances, je n'irai pas au ciné, ni au théâtre, ni boire avec les copains habituels », dit-il. Vu la crise sanitaire, on le croit sur parole. « Ce que je ferai, je n'en sais absolument rien. Et c'est exactement ce que je veux. » 

« Le sens de l'humain, du devoir »

Le Dr Jardel aime les chalenges. Interne en médecine générale, il aussi participé à la première finale nationale du Concours d'expression publique francophone Eloquencia. Au terme de belles joutes, il s'est vu décerner sous la coupole de l'Institut de France, à Paris, le titre de « meilleur orateur de l'année 2017 ».

Après 9 ans d’études, le jeune généraliste souhaite aujourd'hui se confronter à l’exercice pour lequel il a été formé. Pour lui, la médecine générale, c'est la médecine de proximité et « c’est le contact des patients qui constitue le plus beau des apprentissages ». La médecine de proximité, c'est  certainement aussi un truc de famille. Son père, généraliste installé en milieu rural, a toujours eu, selon le jeune médecin, « le sens de l'humain, le sens du devoir ». Un père qui s'est déjà trouvé un remplaçant, un successeur pour sa retraite proche !

« Apprendre, renforcer mes connaissances »

Durant ce tour de France insolite des remplacements, « toutes ces rencontres, toutes ces manières de travailler auxquelles je vais être confronté seront autant d’occasions d’apprendre et de renforcer mes connaissances », raconte le jeune médecin qui a déjà la pratique des remplacements réguliers chez SOS Médecins Grand Paris et dans une maison de santé de la capitale. 

Il sait qu'il est parfois difficile d'être dans « les affaires » d'un confrère, « mais c'est très intéressant car nos capacités d'adaptation sont mises à l'épreuve. Il y a toujours des petites astuces propres à chaque praticien pour contourner les petits problèmes du scanner, de l'imprimante, du TPE, de la carte CPS, du logiciel, de l'agenda... » 

« Des confrères qui font le job sans faire de bruit »

Son tour de France sera aussi pour lui l'occasion d'avoir « un vrai avis de ce qu'est aujourd'hui la médecine générale rurale en France ». De rencontrer des confrères qui font « le job sans faire de bruit », et qui ont le sentiment coupable de délaisser leurs patients s'ils décidaient de partir quelques jours sans être remplacés.

Une fois son périple en camping-car terminé - si des mesures sanitaires ne lui jouent pas de mauvais tours - le généraliste se voit bien développer d'autres aptitudes plus artistiques, notamment le théâtre. En tout cas, s'il n'est pas encore certain de s'installer de manière fixe et pérenne, il n'envisage pas de quitter la médecine car, dit-il tout de go, « ce métier me passionne et participe à mon équilibre ». 

 

Pascal Thomeret

Source : lequotidiendumedecin.fr