À Lyon, les psychiatres expérimentent un dispositif de soins au plus près du lieu de vie du patient

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Publié le 28/09/2023
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Crédit photo : BURGER / PHANIE

Malgré la crise qu'elle traverse depuis des années, la psychiatrie ne cesse de se réinventer avec de nouvelles initiatives. C'est le cas du centre hospitalier Saint Jean de Dieu à Lyon qui a élaboré un nouveau dispositif de soins en ambulatoire, au plus proche du patient, jusqu'à son domicile.

« Ce projet s'inscrit dans la tendance à déplacer les soins hors les murs, hors de l'hôpital. Nous voulons être au plus proche du milieu de vie du patient et proposer des soins intensifs à domicile », explique au Quotidien le Dr Pierre Giordano, médecin chef du pôle G25. D'où le nom du dispositif : Récréa, pour résolution de la crise en ambulatoire.

Moins 30 % de séjours hospitaliers

« On sait que les prises en charge précoces et intenses préviennent l'aggravation des pathologies mentales et leur chronicisation. Il s'agit d'aller vers, sans attendre la demande. Nous avons l'ambition, grâce à Récréa, de diminuer de 30 % les séjours hospitaliers de notre pôle », poursuit le psychiatre. Soit 150 séjours sur les 500 recensés en 2022.

Concrètement, Récréa repose sur deux entités. La première est l'unité mobile ubiquitaire (UMU), elle-même composée d'une antenne clinique (un médecin, une infirmière) - qui évalue les patients et leur propose un schéma de soins personnalisé - et d'une antenne de traitement à domicile, qui prend en charge huit patients en soins intensifs à domicile (7 jours/7, de 7 à 21 heures) pour quatre semaines renouvelables. La seconde est l'espace groupal contenant d'amont (EGCA) : un hôpital de jour de crise qui peut accueillir huit patients, quatre jours par semaine, jusqu'à six semaines, avec des visites les trois autres jours.

Les équipes, pluridisciplinaires, réunissent des psychiatres (2,8 ETP), une vingtaine d'infirmiers, dont un en pratique avancée, un pair-aidant, un cadre, deux secrétaires, un psychologue et un travailleur social. Avec cette particularité que les infirmiers travailleront avec un planning différent, en 10 heures (et non 7 h 48) avec des récupérations plus fréquentes. 

Les patients concernés vivent avec des troubles sévères de l’humeur comme la bipolarité, des troubles de la personnalité ou relevant du spectre de la schizophrénie. Ils sont adressés par les urgences, la plateforme de prise en charge du suicide, le pôle lui-même, des établissements médico-sociaux, ou encore les médecins généralistes qui devraient avoir une ligne attitrée, via laquelle ils pourront aussi solliciter avis ou conseils de la part des spécialistes. 

Défi du recrutement

Les recrutements sont en cours, avec l'espoir d'être finalisés d'ici à la fin de l'année, pour que Récréa puisse être opérationnel début 2024. « Mais nous avons des difficultés à trouver des médecins », reconnaît le Dr Giordano.

Le dispositif ne bénéficie pas d'une enveloppe spécifique, mais sur les moyens dédiés à une unité intrahospitalière du pôle qui a dû fermer en juin 2022 (le projet Récréa était néanmoins antérieur).

Dernier défi à relever : s'assurer que les personnes prises en charge aient bien un logement. Des discussions sont en cours avec les acteurs de l'offre de répit ou de substitution comme le programme « un chez soi d'abord ». Une évaluation sera conduite à 6 puis 12 mois afin de pérenniser l'expérimentation.  


Source : lequotidiendumedecin.fr