Seul à bord de son kayak, le défi du Dr Boca

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Publié le 21/11/2020

Médecin militaire à Calvi depuis peu, le Dr Grégoire Boca s'est lancé un défi. À bord d'un kayak monoplace, rallier depuis Antibes la cité corse de son nouveau poste. L'objectif du jeune généraliste de tout juste 27 ans est double. Parcourir à la fois sur sa légère embarcation près de 180 kilomètres qui séparent le continent de l'île de Beauté et récolter des fonds pour Sol'6, l'association humanitaire de Pierre-et-Marie-Curie, là même où il a effectué son externat. Depuis sa création en 2011, Sol'6 aide les étudiants de Paris-6 à élaborer des projets de solidarité internationale (notamment en santé).

Les défis sportifs lui vont bien. « Je ne considère pas du tout cette traversée comme un exploit, assure le jeune médecin. D'autres aventures m'ont guidé avec ce même état d'esprit. Mon premier Ironman triathlon, en 2018, dont les images avaient bercé mes révisions d'ECN, ou 700 km de marche et de bivouacs sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle... » 

Cet été, alors qu'il suivait un DESC de médecine d'urgence, le jeune généraliste a presque réalisé son défi. Après une première tentative en 2014 et un rude entraînement sur la Seine entre Rouen et Paris de jour comme de nuit, Grégoire Boca a quitté Antibes, via les îles de Lérins, pour rallier Calvi.

Soutiens moraux et logistiques

Avec à ses côtés un voilier accompagnateur de 17 mètres et de son capitaine, Jean-Claude Rollo, avec à bord du deux-mats Caroline, Benoît, Camille, Ghislain, Virginie et Alexandre, ses soutiens moraux et logistiques, le jeune médecin s'est lancé le 25 août dernier à 13 heures tapantes à bord de son flambant neuf Nautiraid de 5,50 mètres. Durant les premières heures, la météo est clémente et le kayakiste atteint une moyenne de 3 nœuds et espère, « à ce rythme, atteindre l'île de Beauté avant la deuxième nuit »

Les heures passent, le continent s'éloigne. Un vent de travers freine le kayak et oblige le Dr Boca à s'abriter près du voilier. Des pauses toutes les 3 à 5 heures lui permettent aussi de s'alimenter. Une lampe frontale pour se signaler et le clair de lune l'aident à deviner les vagues à la nuit tombée. Des vagues qui se font de plus en plus violentes et obligent le Dr Boca à écoper. Et malgré quelques doigts engourdis, le rythme est maintenu. 

Proche du but

Le lendemain matin, aucun répit. Un mauvais temps est annoncé. Le vent atteint les 30 nœuds, la houle qui se fait plus menaçante creuse les vagues. Malmenés jusqu'à midi, kayakiste et capitaine ont toutefois réalisé les deux tiers de la traversée, soit 120 km. Proche du but, il est temps pour Grégoire Boca de faire une pause. Pour lui, « les dernières heures se feront au mental ». 

Au lieu de s'améliorer, la météo est devenue catastrophique compromettant la remontée sur le voilier en cas de problème. Après environ 23 heures d'efforts, un vent de force 7 ralentissant et éloignant le kayak a fini par obliger son occupant à renoncer de terminer la traversée...

Avec le recul, le Dr Boca se dit que « cette nouvelle traversée inachevée est bien plus riche en enseignements qu'un éventuel succès. (Que) le véritable échec aurait été de ne pas essayer. J'ai également appris un peu plus à renoncer quand le danger rend la poursuite de l'aventure déraisonnable. J'ai gagné en humilité. » Et le jeune médecin se console en se disant que la troisième tentative, toujours pour Sol'6, « paraîtra bien plus facile ».

 

Vidéo et capture photo Cap 98°

Pascal Thomeret

Source : lequotidiendumedecin.fr