Une durée de rééducation prévisible, pour certains, de plusieurs mois

Post-Covid : comment s’organise la filière SSR

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Publié le 07/04/2020

Les premiers patients guéris de l'infection Covid-19 arrivent depuis fin mars en soins de suite et réadaptation (SSR). Après parfois quatre semaines d’intubation, les besoins en rééducation sont importants.

 Après cinq semaines d’intubation la rééducation peut durer plusieurs mois

Après cinq semaines d’intubation la rééducation peut durer plusieurs mois
Crédit photo : Phanie

Ils sont guéris du Covid-19 mais leur parcours de soins ne s’arrête pas à la sortie du service de réanimation. Parce qu'ils ont été intubés - pour les cas les plus graves - durant une période pouvant aller jusqu’à 4 semaines, ces patients, stables médicalement, doivent à présent rejoindre des unités de soins de suite et de réadaptation (SSR) pour une hospitalisation de longue durée.

Dans l’Est du pays et en région parisienne, ce mouvement de patients a été entamé dès lundi 30 mars. « Nous comptons actuellement une dizaine de patients. Il s'agit de cas modérés. En revanche, ceux qui vont arriver la semaine prochaine, après parfois cinq semaines d’intubation seront plus lourds », analyse le Pr Jean Paysant, directeur médical de l’Institut régional de réadaptation de Nancy géré par l’Ugecam, un groupement de santé privé non-lucratif dépendant de l’Assurance-maladie. 

« On ignore le temps que prendra leur rééducation, précise celui qui est aussi chef du service de Médecine physique et réadaptation (MPR) au CHU de Nancy. Cela prendra pour certains plusieurs mois car ils présentent des pathologies multiples liées au temps de sédation et d’alitement. Ces patients combinent en effet souvent troubles locomoteurs, neurologiques, nutritionnels, respiratoires et parfois cardiaques. »

Définir la prise en charge au jour le jour

En Alsace aussi, les premiers patients accueillis en SSR sont aussi arrivés lundi à l'Institut universitaire de réadaptation Clémenceau, qui dépend lui aussi de l’Ugecam. « Actuellement, 16 patients se trouvent dans nos établissements. Ils seront probablement 40 en fin de semaine et nous imaginons à terme qu’ils représenteront 150 lits sur notre capacité totale d’accueil qui s’élève à 343 places », estime Laurent Vivet, le directeur général de cette structure médicale partenaire des centres hospitaliers du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.

« Aujourd’hui toutes les unités de SSR des CHU ont fait sortir leurs patients non urgents. Il y a donc de la place dans nos services. Cependant, nous avons peu de recul sur cette prise en charge post-Covid. Nous allons apprendre au jour le jour grâce au travail réalisé par nos confrères dans l’Est et de l’Ile-de-France, mais aussi grâce à la littérature abondante produite chaque jour », détaille la Pr Isabelle Laffont, présidente de la Société française de médecine physique et de réadaptation (Sofmer), par ailleurs PU-PH au CHU de Montpellier.

Prise en charge conjointe des troubles post-traumatiques

Du côté des services de réanimation, une attention particulière est portée sur ces patients fraîchement extubés. « Le risque que nous courons actuellement est de voir sortir un tombereau de patients qui vont survivre avec un risque de handicap neurocognitif important. Beaucoup souffrent également de troubles post-traumatiques. Cette prise en charge conjointe avec les MPR, mais aussi les psychiatres, les pneumologues et les neurologues, est important », analyse pour sa part le Pr Jean-Michel Constantin, chef du service de réanimation à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP).

Les patients traités dans des unités SSR post-Covid sont les cas les plus graves. Pour les patients ne nécessitant qu’une réhabilitation respiratoire, cette réadaptation pourra être menée par les pneumologues, parfois avec un passage en sevrage de ventilation.

À cet égard, la Pr Chantal Raherison-Semjen, présidente de la société de pneumologie de langue française (SPLF) et médecin au CHU de Bordeaux, ne manque pas de pointer « qu’il nous a été demandé ces dernières années des fermer des lits dans toutes les régions car il ne s’agissait pas d’une priorité. Les pneumologues ont dû jusqu’ici batailler pour garder cette activité. Du coup, l’offre est assez inégale sur le territoire national ».

Guillaume Mollaret

Source : Le Quotidien du médecin