En complément de la thérapie comportementale

Le cortisol peut aider à combattre la phobie des hauteurs

Publié le 30/03/2011
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Crédit photo : S Toubon

DE NOTRE CORRESPONDANT

DANS LA THÉRAPIE comportementale du trouble obsessionnel-compulsif, on recourt à une exposition contrôlée aux situations qui déclenchent les obsessions génératrices d’anxiété, ou les phobies, dans le but de prévenir les réactions anxieuses. L’extinction de la réaction de peur, qui se définit par une réduction des réponses conditionnées à un stimulus, procède par la formation d’un groupe alternatif d’associations mnésiques (mémoire d’extinction) qui entrent en compétition avec les associations sous-jacentes à la phobie.

Les glucocorticoïdes, hormones du stress, interviennent dans l’apprentissage et la mémoire, et en particulier dans le processus d’extinction. Pour explorer les implications thérapeutiques potentielles de cette constatation, les auteurs ont administré du cortisol (20 mg per os) ou un placebo à deux groupes de 20 patients (11 hommes, 9 femmes) présentant un diagnostic d’acrophobie (critères du DSM-IV). Le médicament (ou le placebo) était donné une heure avant chacune des trois séances de traitement par exposition (au moyen d’une technique de réalité virtuelle). Les patients étaient ensuite évalués 3 à 5 jours après la troisième séance d’exposition, puis environ un mois plus tard.

Une réduction du score du questionnaire acrophobie.

Le questionnaire acrophobie (AQ) met en évidence une réduction du score (35,7 vs 59,3) après les séances de réalité virtuelle (VR) ; de même, une échelle d’anticipation de la peur (DES) objective une réduction des symptômes de peur (12,8 vs 14,8). Lorsqu’un traitement par le cortisol est associé aux séances de VR, les auteurs observent un effet significativement plus marqué sur le score AQ (30,4 vs 40,2 pour le placebo) après traitement. Ce résultat se maintient un mois plus tard (24,2 vs 35,4, p = 0,031). L’effet bénéfique additionnel du cortisol est confirmé par le test DES, ainsi que dans une autre épreuve (échelle de l’angoisse d’anticipation, AES), tandis que la différence n’est pas significative dans le questionnaire ATHQ (Attitude Towards Heights questionnaire). L’équipe de Frank Wilhelm a, par ailleurs, mesuré la conductance cutanée (SCL) chez 20 sujets : l’augmentation de la SCL était significativement moins marquée, un mois après traitement, lors d’une épreuve VR de montée dans un ascenseur.

Mise en situation plus poussée et réintégration.

Ces résultats encourageants doivent toutefois être confirmés par des tests de mises en situations plus poussées et lors d’épreuves de réintégration. L’effet facilitateur de l’extinction comportementale exercé par les glucocorticoïdes peut s’expliquer, suggèrent les chercheurs, de deux manières. La réduction, par ces molécules, des mécanismes de récupération de la mémoire pourrait minimiser l’aspect répulsif des souvenirs sous-jacents à la phobie. Mais leur action pourrait aussi être rattachée à une augmentation du stockage mnésique des expériences correctrices, soit, en d’autres termes, à une consolidation de la mémoire d’extinction.

DJF de Quervain, FH Wilhelm et coll. Glucocorticoids enhance extinction-based psychotherapy. Proc Ntl Acad Sci USA (2011) Publié en ligne.

 Dr BERNARD GOLFIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 8934