Les pathologies neurologiques, principale cause mondiale de maladie et de handicap

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Publié le 15/03/2024

Une vaste étude dans The Lancet Neurology indique que les pathologies neurologiques au sens large sont la principale cause mondiale de problèmes de santé, avec 3,4 milliards de personnes touchées, devant les maladies cardiovasculaires. Un constat en partie expliqué par la nouvelle classification de l’Organisation mondiale de la santé.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

Les pathologies du système nerveux, comme les démences de type Alzheimer mais aussi la migraine ou les accidents vasculaires cérébraux (AVC), sont désormais la principale cause mondiale de problèmes de santé, selon une vaste étude parue ce 15 mars. Ce constat lors de la semaine du cerveau (11 au 17 mars) organisée dans plus d’une centaine de pays doit faire prendre conscience que la prévention est une priorité pour la santé neurologique à l’échelle mondiale, soulignent les auteurs.

Selon ce travail, paru dans le Lancet Neurology, ce ne sont donc plus les pathologies cardiovasculaires, mais bien celles d'ordre neurologique au sens large, qui pèsent le plus lourd sur le quotidien des personnes.

En 2021, 43 % de la population mondiale - soit 3,4 milliards de personnes - étaient touchés par un trouble neurologique, selon cette étude menée par des centaines de chercheurs sous l'égide de l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME), cet organisme de référence en matière de statistiques de santé.

Vieillissement de la population

Ce niveau serait bien plus élevé que les estimations antérieures et signifierait que ces troubles ont bondi de plus de moitié (+59 %) depuis 1990. Les chercheurs y voient entre autres une conséquence du vieillissement de la population, d'autant que la grande majorité des troubles neurologiques ne peuvent être guéris et perdurent potentiellement pendant des années jusqu'au décès.

Toutefois, cette réalité est aussi liée à une évolution de la classification de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui répertorie désormais les AVC comme une pathologie neurologique et non cardiovasculaire, un choix suivi par les auteurs de l'étude.

Or, parmi les pathologies neurologiques, ce sont de loin les AVC qui provoquent le plus de handicaps et de problèmes de santé. Selon les auteurs, ils ont fait perdre 160 millions d'années de vie en bonne santé à l'ensemble de la population mondiale.

L’HTA systolique, premier facteur de risque modifiable

Les 10 contributeurs de mauvaise santé neurologique comptent, outre les AVC, l'encéphalopathie néonatale, la migraine, les démences de type Alzheimer, puis les neuropathies diabétiques, les méningites, l'épilepsie, les troubles neurologiques liées à la prématurité, les troubles du spectre autistique et les cancers du système nerveux central. Les maladies pédiatriques et les troubles du neurodéveloppement comptent pour un cinquième de la charge totale des pathologies neurologiques, soit 80 millions d’années perdues en bonne santé en 2021. La santé neurologique des pays les plus pauvres est particulièrement impactée par la forte prévalence des pathologies des nouveau-nés et des enfants de moins de 5 ans, principalement à type de complications obstétricales et d’infections.

Quant aux séquelles neurologiques du Covid, qui constituent notamment l'un des volets du Covid long, elles figurent à la vingtième place.

Les troubles les plus fréquents sont les céphalées de tension (2 milliards de cas) et la migraine (1,1 milliard), les neuropathies diabétiques sont celles qui progressent le plus vite. « Le nombre de personnes avec une neuropathie diabétique a plus que triplé dans le monde depuis 1990, atteignant les 206 millions en 2021 », rapporte la Dr Liane Ong, de l’IHME et co-autrice senior.

En matière de mortalité, les problèmes neurologiques ont tué plus de 11 millions de personnes en 2021, selon l'étude. Un bilan qui reste inférieur à celui des maladies cardiovasculaires totalisant 19,8 millions de décès. Parmi les 18 facteurs de risque modifiables, l’hypertension artérielle (HTA) systolique compte pour 57 % des années de vies perdues en bonne santé.

Dr I.D. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr