Un test original au stade précoce d’un Alzheimer

Les proches, meilleure arme du dépistage

Publié le 01/10/2010
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ET SI LA PERSONNE la mieux placée pour évoquer un diagnostic de maladie d’Alzheimer n’était ni le patient, ni le médecin… mais quelqu’un de son entourage ? C’est l’hypothèse qu’a formulée une équipe de médecins de l’université de Washington, à Saint Louis, celle de John C. Morris et Joanne Knight. Les divers tests de dépistage manquent de sensibilité et de spécificité, expliquent-ils. Ils ont mis au point un questionnaire « Ascertain Dementia 8 » (AD8) à proposer à celui ou celle qu’ils appellent un « informateur ».

Les réponses ne prennent que quelques minutes. Les items portent sur plusieurs aspects cognitifs du proche concerné : problèmes de jugement (comme de mauvaises décisions financières) ; diminution d’intérêt dans ses passe-temps ou autres activités ; difficultés d’apprentissage de nouveaux instruments (un micro-ondes, une télécommande…) ; oubli du mois ou de l’année ; difficultés dans la gestion de son budget ; oubli de rendez-vous ; problèmes itératifs de concentration et de mémoire. La positivité à chaque réponse est cotée 1. Dès que le score atteint 2, une suspicion de maladie d’Alzheimer existe, qu’il convient d’explorer.

L’étape suivante, qui fait l’objet d’un article dans « Brain », a été celle de la comparaison entre le dépistage, tel que réalisé par le test, et celui fourni par les moyens actuels. Elle a été menée sur un groupe de 257 personnes, d’un âge moyen de 75,4 ans, à prédominance féminine (54,5 %). Dans l’ensemble elles avaient suivi une scolarité de 15,1 ans.

Confrontés à des dosages des marqueurs.

Les participants ont été scindés en deux groupes selon les déclarations des informateurs au test AD8, l’un de 137 sujets dont le dépistage était négatif (score de 0 ou 1), l’autre de 120 personnes avec un test positif (score ≥ 2). Ces résultats ont été confrontés à des tests cognitifs et à des dosages des marqueurs du liquide cépahalo-rachidien. Les correspondances entre la négativité du test et des marqueurs ainsi qu’entre les positivités suggèrent un bon pouvoir de discrimination. De fait, un score ≥ 2 était associé à un phénotype biologique compatible avec un Alzheimer et à de moindres performances aux tests de mémoire épisodique

Il apparaît même que l’AD8 surpasse en sensibilité le Mini Mental State (MMS) sur les formes débutantes de la maladie. Les auteurs calculent que l’AD8 possède un ratio de probabilité de positivité de 5,8 et de 0,04 pour la négativité, ce qui majore la suspicion de maladie d’Alzheimer en cas de positivité.

« L’évaluation fondée sur les informateurs pourrait surpasser les mesures établies à partir des performances » constate l’équipe. Ils ajoutent que la faiblesse des outils de dépistage précoce est de ne donner qu’une photographie des aptitudes cognitives à un moment précis. Interroger un patient sur des changements de ses capacités intellectuelles ne produit pas nécessairement le résultat escompté. Les informateurs peuvent fournir cette analyse rétrospective reflétant le début du déclin.

Brain, édition en ligne du 27 septembre 2010.

Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8827