Grossesse des obèses

Attention à la prise de poids

Publié le 19/09/2013
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Crédit photo : BSIP

L’OBÉSITÉ MATERNELLE pendant la grossesse est associée à une augmentation du risque d’obésité de l’enfant. C’est connu. Mais on ne savait pas si ce risque se réduisait par le contrôle du poids chez la femme enceinte. L’étude Epoch (Evaluating Processes of Care & the Outcomes of Children in Hospital) a permis d’analyser 392 mères et leur enfant selon cette hypothèse (1). Poids et IMC ont été recueillis avant et après la grossesse. Par ailleurs, des résultats sur la progéniture ont été obtenus lors d’examens (en moyenne à l’âge de 10,6 ans) qui mesuraient l’IMC, le tour de taille, l’épaisseur du tissu adipeux sous cutané, le tissu adipeux viscéral, le HDL et les triglycérides.

On a tout d’abord noté que 61 % des femmes en surpoids ou obèses dépassaient le gain de poids recommandé (2) contre 35 % des femmes de poids normal avant la grossesse. L’IMC avant la grossesse était associé à l’IMC de l’enfant et les résultats étaient encore aggravés par un gain de poids pendant la grossesse dépassant le seuil des recommandations. Enfin, les effets de l’obésité de la mère sur la progéniture (poids, tour de taille, HDL) sont atténués si celle-ci observe les recommandations pendant la grossesse.

Le diabète, risque surajouté.

Chez les femmes indemnes de maladie diabétique, on sait qu’un gain de poids excessif pendant la grossesse augmente la morbidité péri-obstétricale, qu’en est-il chez les femmes déjà diabétiques avant la grossesse ? Une étude s’est intéressée à cette question (3) : 259 femmes atteintes d’un diabète avant leur grossesse ont été identifiées à partir de l’Atlantic Dip database, 169 présentaient un DT1 et 90 un DT2. Les événements maternels suivants ont été analysés : hypertension gravidique, pré-éclampsie, hémorragies du pré et du post-partum, hydramnios, mode de délivrance et progression de la rétinopathie. Chez l’enfant, les données suivantes furent notées : détresse respiratoire, taille et poids de naissance, mort à la naissance, dystocie de l’épaule, admission en unité néonatale, malformation, hypoglycémie et ictère. Les résultats furent ajustés pour l’âge, la parité, l’origine ethnique et le tabagisme. Au total, 165 (64 %) femmes présentaient un gain de poids excessif pendant la grossesse (64 % des DT1 et 63 % des DT2).

Les nourrissons nés de mères avec un gain de poids excessif furent comparés à ceux des femmes ayant eu un gain de poids normal : ils pesaient 3,58 kg versus 3,32 kg. Cependant, il n’y eut pas de différence de morbidité maternelle ou infantile entre les deux groupes. Cette étude confirme que dans une population déjà à haut risque de fort poids de naissance, un gain de poids excessif s’additionne à ce risque. Les auteurs soulignent « l’importance de la gestion du poids pendant la grossesse afin d’éviter la naissance de gros nourrissons, exposés au risque d’obésité et de diabète à l’âge adulte » et ce d’autant plus que les mères sont diabétiques.

(1) 76 OR. J.R. Landsbaugh et al. The Effect of Gestational Weight Gain Control on the Relationship between Maternal Obesity and Offspring Outcomes : The EPOCH Study

(2) selon les critères de l’IOM (Institut of Medecine, États-Unis).

(3) 1370 P. A.M. Egan et al. ATLANTIC DIP : Gestational Weight Gain and Pregnancy Outcomes in women with Pre-Gestational Diabetes Mellitus

 B. M.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9264