Pédiatrie

Prévention de la malnutrition : certains acides gras essentiels identifiés

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Publié le 22/10/2021
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Les acides gras polyinsaturés et les phosphatidylcholines semblent indispensables à la croissance des enfants. Une piste pour une supplémentation efficace.

Crédit photo : AFP

Une équipe néerlandaise a montré que le taux d'acides gras polyinsaturés et de phosphatidylcholines est un facteur prédictif de malnutrition des enfants au sein des populations vulnérables, ouvrant ainsi la voie à une supplémentation efficace.

L'étude, publiée dans « Science Advances », se base sur l'analyse de 1 631 échantillons de sérum de plus de 400 enfants gambiens au cours de leurs deux premières années de vie. Les auteurs ont ensuite associé ces données biologiques aux relevés de taille et de poids. Plusieurs groupes ont été identifiés : le premier (25 %) rassemblait les enfants ayant un mauvais z-score taille pour âge à la 12e semaine de suivi et stable par la suite. Dans le deuxième groupe (32 %), les enfants avaient un z-score élevé à la 12e semaine, avant de connaître une dégradation progressive.

Enfin, le dernier (43 %) avait un z-score intermédiaire à la semaine 12 mais qui a ensuite également diminué. Dans chacun de ces trois groupes, l'évolution des taux d'acides gras polyinsaturés et des phosphatidylcholines était directement associée à l'évolution du z-score.

La qualité  plus que la quantité

À taux global de lipides inchangé, la diminution de ces catégories spécifiques de lipides était associée à un surrisque de cachexie et de retard de croissance. La composition des lipides constituerait donc un facteur prédictif majeur. Les auteurs notent une différence entre filles et garçons. Chez ces derniers, la baisse des taux d'acides gras polyinsaturés et de phosphatidylcholines pouvait être plus marquée avant que leur croissance n'en soit significativement affectée. Dans l'étude, la population incluse présentait une très forte prévalence de retard de croissance. À l'avenir, les chercheurs envisagent de recruter des enfants ayant des trajectoires de croissance plus diversifiées.

Ces données plaident en faveur de l'utilisation de ces acides gras lors de la prise en charge de la malnutrition : le retard de croissance chez les enfants de régions régulièrement sous le coup de stress alimentaire ne doit pas être traité uniquement sur le gain de poids. En 2019, 144 millions d'enfants de moins de cinq ans ont présenté un retard de croissance, dont 47 millions étaient émaciés. « Ces chiffres vont augmenter sous l'effet de la pandémie de SARS-CoV-2 », prédisent les auteurs.

G.B. Gonzales et al. Science Advances, septembre 2021. DOI: 10.1126/sciadv.abj1132

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin