Obésité et psoriasis

Quels liens ?

Publié le 07/04/2015
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Y a-t-il un lien phénotypique entre obésité, psoriasis et rhumatisme psoriasique ? « Plusieurs études (1) ont montré le risque accru chez la femme obèse de développer un psoriasis cutané » rappelle le Pr Pascal Richette. « Deux équipes (2,3) indépendantes viennent de démontrer sur des études de suivis de cohorte (respectivement la Nurse Health Study et l’Heath Improvement Network) que le risque de développer un rhumatisme psoriasique est six fois plus important chez les patients dont l’indice de masse corporel (IMC) initial est élevé. La relation entre l’IMC et l’augmentation du risque de rhumatisme psoriasique est linéaire ».

Comment expliquer cette relation ? Une étude (4) révèle une association entre hypercholestérolémie et risque accru de développer un psoriasis ou un rhumatisme psoriasique. L’hypercholestérolémie peut s’inscrire dans le cadre d’une dyslipidémie en cas d’obésité. Une association fréquente entre rhumatisme psoriasique et syndrome métabolique (dyslipidémie, HTA, obésité) est d’ailleurs décrite (5).

Variations d’adipokines

Une hypothèse physiopathologique fait intervenir les variations de production de cytokines pro-inflammatoires par le tissu adipeux. « Chez l’obèse, la production de leptine augmente, tandis que celle d’adiponectine diminue. Ces modulations d’adipokines pourraient jouer un rôle sur l’immunité acquise mais aussi sur le système RANK/RANK-Ligand et expliquer les érosions osseuses du rhumatisme psoriasique » note le Pr Pascal Richette.

Cela a-t-il des conséquences thérapeutiques ? « En 2013, Di Minno et al (6) ont montré que l’obésité est un facteur de mauvaise réponse au traitement dans le rhumatisme psoriasique. Eder et al. viennent de le confirmer (7) : dans le rhumatisme psoriasique, la probabilité d’obtenir une rémission sous traitement est plus faible si le patient est obèse ou en surpoids. Faire perdre du poids à un patient obèse atteint de rhumatisme psoriasique peut améliorer la réponse au traitement. Une étude de Di Minno et al. (8) en atteste : les patients obèses atteints de rhumatisme psoriasique chez lesquels on initie un traitement par anti-TNF alpha, multiplient par 6 leur probabilité de rémission en cas d’ amaigrissement supérieur à 10 % du poids de leur corps ».

D’après un entretien avec le Pr Pascal Richette, Rhumatologue, Hôpital Lariboisière, Paris.

(1) Prey S et al. Eur Acad Dermatol Venereol 2 010 ; 24, suppl 2 h 23-30

(2) Li W et al ; Ann. Rheum Dis 2 012 ; 71 (8) : 1 267-72

(3) Love TJ t al. Ann Rheum. Dis 2 012 ; 71 (8) : 1273-1277

(4) Wu S et al. Arthritis & rheumatology 2 014 ; 66 (2) : 304-10

(5) Raychaudhuri SK et al. Metab Syndr

Relat Disord 2 010 ; 8 (4) : 331-334

(6) Di Minno MN. et al. Arthritis Care Re 2 013 ; 65 (1) : 147-7

(7) Eder L et al. Ann Rheum Dis 2014, doi : 10.1 136/annrheumdis-2013-204448

(8) Di Minno MN et al. Ann Rheum. Dis. 2 014 ; 73 (6) : 1 157-62.

Dr Sophie Parienté

Source : Bilan spécialiste