Surpoids et obésité

Résultats concluants de l’étude Maâthermes

Publié le 20/01/2011
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Crédit photo : S. KEMPINAIRE

AVEC la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé et Territoires), la reconnaissance de l’obésité en tant que problème de santé publique a encore franchi une étape, la lutte contre ce fléau revenant désormais à l’État. Cette remarque émane du Dr Patrick Sérog (Paris), co-auteur de l’étude Maâthermes avec le Dr Thierry Hanh (Paris), qui rappelle la grande hétérogénéité de la population en surpoids et les limites des régimes restrictifs en termes de maintien de la perte de poids initiale.

En France, chaque année, environ 50 000 sujets ont recours à des cures thermales pour surcharge pondérale, indique le Pr Christian-François Roques (président du conseil scientifique de l’AFRETh). Les eaux minérales ont un rôle spécifique, résultant en particulier de leur impact démontré sur les métabolismes lipidique et glucidique (1, 2). Pour le Dr Sérog, « la cure thermale avec l’indication métabolique fait partie des programmes de modifications de style de vie qui devraient être évalués ». L’étude Maâthermes s’inscrit dans ce cadre. Selon l’hypothèse de départ, élaborée à partir de l’analyse rétrospective de 350 dossiers, explique le Dr Hanh, les pertes d’IMC et de poids corporel devaient être de, respectivement, 1,24 kg/m2 et 5 %, avec une différence de 25 % par rapport au groupe contrôle.

IMC entre 27 et 35 kg/m2.

L’étude a été réalisée sur 284 sujets âgés de 20 à 70 ans, ayant un indice de masse corporel (IMC) entre 27 et 35 kg/m2, avec ou sans facteurs de risque cardio-vasculaire et métabolique associés. Recrutés par 71 médecins généralistes de mars 2007 à juillet 2008, ils ont été pris en charge dans cinq stations thermales et suivis pendant 14 mois. La participation antérieure et les contre-indications à une cure thermale, la grossesse et les troubles du comportement alimentaire constituaient des critères d’exclusion. Les patients ont été randomisés en un groupe « intervention », bénéficiant d’une cure thermale de trois semaines avec une participation volontaire à des activités physiques et à un régime diététique, et un groupe « témoin », comportant un suivi par le médecin généraliste. Le livret PNNS (programme national Nutrition Santé) a été remis à l’ensemble des patients et des médecins, qui, de ce fait, avaient « une information au moins équivalente », précise le Dr Hanh.

Des différences significatives.

L’analyse finale des résultats a porté sur 178 patients. Elle met en évidence des différences significatives entre les deux groupes en faveur de la cure thermale. Au terme des 14 mois de suivi, une réduction moyenne de l’IMC de 1,44 a été observée chez les patients curistes contre - 0,60 chez ceux qui ont été suivis en médecine générale (p < 0,005). De même, la perte de poids moyenne était plus importante dans le groupe « cure » : - 3,86 kg contre -1,55 kg dans le groupe témoin (p < 0,006). La supériorité de la cure thermale se traduit également par un pourcentage plus élevé de patients ayant perdu au moins 5 % de leur poids : 45 % contre 25 % (p = 0,005).

« La perte de poids initiée en séjour thermal est un starter avec un continuum pour le résultat à long terme », constate le Dr Hanh, en soulignant la très bonne tolérance de cette prise en charge spécifique. Enfin, la cure thermale de trois semaines a une efficacité comparable à celle des programmes modifications de style de vie, dont la durée est plus longue, sur l’IMC (3) et sur le poids (4), ainsi qu’à celle de la lorcaserine, un agoniste du récepteur sérotoninergique 5HT2c en cours d’évaluation dans la prise en charge de l’obésité (5).

*Résultats présentés lors d’une conférence de presse organisée par l’Association française pour la recherche thermale (AFRETh).

(1)Schoppen S et coll. Br J Nutr 2005 ; 94 : 582-7.

(2) Schoppen S et coll. Nutr Hosp 2007 ; 22 : 538-44.

(3) Dansinger ML et coll. Ann Intern Med 2007 ; 147 : 41-50.

(4) Sarwer DB et coll. Curr Opin Endocrinol Diabetes Obes 2009 ; 16 : 347-52.

(5) Smith SR et coll. N Engl J Med 2010 ; 363 : 245-56.

Dr CATHERINE FABER

Source : Le Quotidien du Médecin: 8889