Révision de la nomenclature, nouveaux protocoles

La CNAM veut accélérer la réorganisation de la filière visuelle

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Publié le 18/07/2019
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Alors que les ophtalmos sont déjà en pointe en matière de délégations de tâches et de travail aidé, l'assurance-maladie recommande d'accélérer la réorganisation de la filière visuelle, dans son rapport charges et produits (qui donne des pistes au gouvernement pour préparer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale).  

Première préconisation : revoir la nomenclature des actes d'ophtalmologie afin de valoriser « de façon pertinente » le suivi des maladies chroniques. Cette révision de la tarification est même « un levier majeur de succès » pour la CNAM, qui juge que la nomenclature est « insuffisamment descriptive pour distinguer les ressources d'un patient atteint d'une maladie chronique complexe de celles pour d'un renouvellement d'optique ». Cette grille new look devrait aussi valoriser le diagnostic précoce des strabismes et des amblyopies chez les enfants et la prise en charge des urgences.

Dans la même veine tarifaire, la caisse propose l'inscription de « groupements d'actes » par type de suivi et par type de patient, voire de « forfaits de soins par pathologie » pour mieux rémunérer les actes « à haute valeur ajoutée » des ophtalmologistes. Ce toilettage permettrait aussi d'identifier des actes orthoptiques absents de la nomenclature (mais qui permettent d'affiner la qualité du diagnostic). « L'idée serait de mettre les actes des ophtalmos et des orthoptistes dans un pool commun alors que nous avons deux nomenclatures séparées, décrypte, prudent, le Dr Thierry Bour, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF). Les forfaits de soins par pathologie pourraient par exemple concerner la DMLA, qui nécessite la réalisation de plusieurs actes (tomographie en cohérence optique, champ visuel, bilan voire une injection intravitréenne) à différents endroits et moments. » Attention toutefois au jeu de dupes qui consisterait à instaurer des forfaits de soins au rabais, met en garde le patron du SNOF.  

Suivi alterné

L'assurance-maladie veut parallèlement amplifier les protocoles avec les orthoptistes. Actuellement, 60 % des 5 058 ophtalmologistes libéraux utilisent le travail aidé, principalement avec des orthoptistes salariés (35 %) et libéraux (17 %) et, dans une moindre mesure, avec des infirmières et des opticiens. Après les champs déjà explorés (renouvellement et adaptation des corrections, rétinopathie diabétique), la CNAM plaide pour de nouveaux protocoles de coopération autorisant le suivi alterné entre orthoptiste et ophtalmo des « patients stables et à un stade peu avancé de pathologies chroniques » (glaucome chronique simple par exemple). Autre proposition : afin d'éviter que certains dépistages chez les jeunes enfants (strabisme, amblyopie) par les orthoptistes ne se traduisent par l'embolisation des cabinets médicaux, des demandes d'expertise (télé-expertise) ou des transmissions dématérialisées pourraient permettre de valider ces examens sans délai.    

La CNAM propose enfin de soutenir les initiatives de prise en charge des soins visuels dans les zones défavorisées ou sous-denses. « Des incitations à exercer dans des cabinets secondaires doivent être promues, notamment à travers les contrats de solidarité territoriale médecin », recommande la caisse. Plus globalement, les expérimentations d'innovations technologiques et organisationnelles s'appuyant sur la télémédecine doivent être « encouragées ».

En 2018, près de 20 millions de personnes ont eu au moins un contact avec un ophtalmologue ou un orthoptiste, soit un million de personnes supplémentaires par rapport à 2015.


Source : Le Quotidien du médecin