Lanceur de balles de défense : 35 ophtalmos réclament un « moratoire »

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Publié le 11/03/2019
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Crédit photo : AFP

Après l’alerte de la Société française d’ophtalmologie auprès de la ministre de la Santé en février, c’est au tour de 35 ophtalmologues d’interpeller, en leur nom propre, le président de la République au sujet des lanceurs de balles de défense (LBD). Ces professionnels réclament à Emmanuel Macron un « moratoire dans l'utilisation de ces armes invalidantes au cours des actions de maintien de l'ordre ».

Une première interpellation restée sans réponse

« Une telle "épidémie" de blessures oculaires gravissimes ne s'est jamais rencontrée », s’inquiètent les signataires d’un courrier adressé il y a un mois au chef de l’État. Restée sans réponse, cette missive a été publiée hier dans le Journal du dimanche. « Les blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l'inexpérience, estiment les ophtalmologues. Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l'imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entraîner un grand nombre de mutilations ».

Alors que le secrétaire d'État à l'Intérieur, Laurent Nuñez, a chiffré, jeudi dernier, à plus de 13 000 le nombre de tirs de LBD enregistrés depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, ces médecins signataires se défendent d’être « militants » et revendiquent une démarche « purement humaniste, avec pour seul but d'éviter d'autres mutilations ». La cellule de veille sur les blessures provoquées par les LBD, créée en lien avec la Société française d'ophtalmologie, a recensé une vingtaine de personnes ayant perdu un œil.

Des condamnations multiples

Le nombre et la gravité des blessures avaient déjà donné lieu à des réactions du monde médical. En janvier, le Pr Laurent Thines, neurochirurgien, chef de service au CHRU de Besançon, avait lancé une pétition pour alerter professionnels de santé et grand public. Côté institutionnel, le Conseil de l’Europe a appelé la France, fin février, à « suspendre l'usage du LBD dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre ». Le Défenseur des droits va plus loin et réclame, depuis début 2018, l'interdiction de cette arme.

Comme une forme de réponse, le juge des référés du Conseil d’État, sollicité par des organisations syndicales et des participants au mouvement des Gilets jaunes, a estimé, le 1er février, que, « contrairement à ce que les demandeurs affirmaient, l’organisation des opérations de maintien de l’ordre mises en place lors des récentes manifestations ne révélait pas une intention des autorités de ne pas respecter les conditions d’usage (encadrées par le code de la sécurité intérieure, NDLR), strictes, mises à l’utilisation de ces armes ». Les conditions des manifestations rendent nécessaires de « recourir à ces armes », qui « demeurent particulièrement appropriées » dans ce type de situations. Les usages constatés du LBD ne correspondent pas à des « traitements inhumains ou dégradants ».

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr