Vers l’injection bimestrielle de VEGF Trap-Eye

Un développement ambitieux dans la DMLA

Publié le 11/01/2011
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Crédit photo : PHANIE

ON SAIT que les anti-VEGF ont considérablement modifié le cours de la DMLA mais ils nécessitent des injections mensuelles, en milieu spécialisé. D’où l’intérêt de deux études, View 1 et 2, montrant que le VEGF Trap-Eye est aussi efficace quand le produit est injecté tous les mois que tous les deux mois.

Les anti-VEGF ont pour propriété d’inhiber la néovascularisation et l’extravasation liquidienne caractéristique de la forme humide de DMLA ; d’où une amélioration significative de la vision chez les quelques 90 % de répondeurs à ce type de traitements. Cependant, l’effet n’est que suspensif et disparaît à l’arrêt des injections intra-vitréennes, qui avec les produits actuellement disponibles sont mensuelles.

D’où la recherche des molécules qui permettent d’espacer les injections, objectif qui semble atteint avec le VEGF Trap-Eye, protéine de fusion des domaines principaux des récepteurs R1 et R2 du VEGF humain, ce qui assure un blocage des différentes isoformes du VEGF-A (et du PIGF facteur de croissance placentaire), avec une affinité accrue.

View 1 et 2.

Les résultats des études View 1 et 2, récemment présentés, confirment ces espoirs. Ces deux essais cliniques, avec des protocoles identiques (View 1 étant organisée en Amérique du Nord et View 2 étant réalisée en Europe, en Asie Pacifique et en Amérique du Sud) avaient pour objectif de vérifier la non-infériorité de 3 protocoles utilisant le VEGF Trap-Eye (0,5 mg/4 semaines, 2 mg/4 semaines et 2 mg/8 semaines) par rapport au produit de référence dans la DMLA, la ranibizumab (Lucentis). View 1 a permis de randomiser 1 217 patients et View 2 1 240 patients, le end-point étant la sauvegarde de l’acuité visuelle à 52 semaines (perte inférieure à trois lignes d’alphabet).

Dans View 1, le pourcentage de patients ayant une vision conservée est de 95 à 96 % avec les trois protocoles utilisant le VEFG Trap-Eye et de 94 % sous ranibizumab. Résultat identique dans View 2, avec des pourcentages de 96 % sous VEGF Trap-Eye et de 94 % sous ranibizumab. Des résultats qui démontrent la non-infériorité de tous les protocoles utilisant le VEGF Trap-Eye (à noter que l’administration mensuelle de 2 mg améliore même significativement plus (p < 0,01) l’acuité visuelle que le ranibizumab à 0,5 mg/mois) ; ce qui conduit le Pr U. Schmidt-Erfuth (Vienne) à pronostiquer des traitements moins contraignants de la DMLA, dans un avenir proche. D’ailleurs les patients de View 1 et 2 poursuivront le traitement aux posologies qu’ils recevaient pendant les essais cliniques mais les injections seront espacées de trois mois, ou plus, toujours dans l’espoir de conserver la même efficacité, avec des injections encore moins fréquentes.

 Dr ALAIN MARIÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8882