Modèle de la rétinite pigmentaire

Vision restaurée chez des souris

Publié le 17/12/2010
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LE SUCCÈS OBTENU avec une nouvelle thérapie génique testée, par une équipe suisse et des médecins de l’Institut de la vision, dans un modèle murin de la rétinite pigmentaire a surpris les chercheurs eux-mêmes. « Le fait de parvenir à rétablir de la vision est très prometteur, même si le passage de la souris à l’homme reste une grande inconnue. Les travaux antérieurs de thérapie génique visaient à restaurer la fonctionnalité des photorécepteurs à cônes. Cette nouvelle approche a permis de rétablir la signalisation dans son ensemble, c’est-à-dire à la fois les réponses ON et OFF », explique le Pr José Alain Sahel (Institut de la vision).

Les chercheurs suisses et français ont en effet recréé un véritable système photoélectrique biologique. L’ensemble de la cascade de transduction nécessaire à la vision a été réactivée grâce à l’introduction d’une protéine, l’halorhodopsine, assurant le couplage de la stimulation lumineuse à un transporteur ionique. L’objectif était de rétablir la fonctionnalité d’un canal ionique, perdue au cours de la maladie. Dans la rétinite pigmentaire, alors que les photorécepteurs à bâtonnets, responsables de la vision de nuit, dégénèrent et disparaissent en premier, les cellules à cônes (vision diurne) ne sont atteintes qu’à un stade plus tardif, après la survenue de la cécité. Ces cônes « dormants », bien que non fonctionnels, restent présents pendant plusieurs années.

Réactivation de cônes dormants.

Les chercheurs démontrent qu’il est possible de réactiver ces photorécepteurs dormants par l’introduction (via un vecteur) du gène codant la protéine halorhodopsine. La vision est rétablie chez la souris au bout de 2 à 3 semaines, comme l’indique son évaluation par les potentiels évoqués visuels et par des épreuves de comportements visuels et globaux.

« Cette technique n’est applicable qu’à un stade bien précis de la maladie », souligne toutefois l’ophtalmologiste. « Même si la cécité est installée, il est indispensable qu’il existe encore des cônes. D’où l’intérêt de poursuivre de front plusieurs voies de recherche. Ainsi, l’approche neurotrophique est utile à un stade précoce pour protéger les cônes, tandis que la recréation d’une rétine artificielle se justifie aux stades avancés, quand les cônes sont déjà détruits. »

Science, 24 juin 2010.

 Dr B. GO.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879