Mortalité : 7 %, séquelles : 50%

La cellulite cervico-faciale, urgence méconnue

Publié le 16/12/2011
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Crédit photo : S TOUBON

LES CELLULITES cervico-faciales sont des infections bactériennes sévères, parfois nécrosantes, dont le diagnostic est difficile à un stade précoce.

Souvent consécutives à une infection banale, pharyngée ou dentaire, elles diffusent le long des espaces aponévrotiques de la face et du cou et sont susceptibles de s’étendre vers le médiastin.

En l’absence d’une prise en charge multidisciplinaire rapide, dans le cadre d’une collaboration entre radiologues, bactériologistes, anesthésistes-réanimateurs, chirurgiens ORL et thoraciques, elles mettent en jeu le pronostic vital.

Le diagnostic repose sur la clinique. L’étude rétrospective menée par le Pr Tan Ba Huy et son équipe sur 150 patients hospitalisés entre janvier 2001 et décembre 2007 en montre la difficulté, avec une symptomatologie qui évolue en moyenne depuis onze jours (de 2 à 60 jours) et pour laquelle les patients avaient consulté au préalable un ou plusieurs médecins.

Dysphagie, odynophagie, tuméfaction, fièvre.

Ce diagnostic doit être évoqué chez un patient présentant des troubles de la déglutition avec dysphagie et odynophagie (87 % des cas), une tuméfaction inflammatoire cervicale évocatrice d’abcès (79 %), une fièvre (74 % des cas), mais 32 patients étaient apyrétiques.

Un trismus présent chez 67 % des patients est évocateur d’une porte d’entrée dentaire. Une rougeur présternale (érythème diffusant au-dessous de la fourchette sternale) est très fortement prédictive d’une atteinte médiastinale.

Un torticolis véritable, traduisant une atteinte de l’espace prévertébral, une dyspnée, une dysphonie et une crépitation sous-cutanée sont des signes plus rares.

Devant cette symptomatologie, un scanner facio-cervico-thoracique doit être réalisé dans les plus brefs délais, suivi d’une intervention chirurgicale immédiate.

Intubation, ventilation, trachéotomie.

Les complications sont graves pour une infection qui, au départ, semble banale, comme le montre l’analyse rétrospective des 150 patients reçus dans le centre d’urgence ORL de l’hôpital Lariboisière, avec la survenue d’une pneumopathie chez un tiers des patients et/ou d’une défaillance hémodynamique ou d’une médiastinite chez près de la moitié des patients.

Une durée moyenne de ventilation mécanique de dix jours, d’intubation de treize jours, de trachéotomie de trente et un jours et de séjour en réanimation de dix-sept jours, des séquelles fonctionnelles et esthétiques souvent lourdes chez la moitié des patients attestent, s’il le fallait, de la gravité de cette pathologie et justifient une prise en charge en urgence dans un centre spécialisé.

Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9060