Déficit en fer : telle mère, tel bébé

Publié le 21/09/2016
enceinte

enceinte

L’objectif du travail de Y. Zhang et coll., publié dans The Journal of Pediatrics du mois d’août 2016, était d’étudier la relation entre le taux d’hémoglobine maternelle et le risque d’anémie chez l’enfant. L’étude a porté sur 17 193 femmes enceintes de plus de 20 ans, incluses avant 20 semaines de gestation, et qui donneront naissance à un singleton.
L’hémoglobine (Hb) maternelle a été mesurée, d’une part, lors du premier trimestre, d’autre part, entre 24 et 28 semaines de gestation.
L’Hb de l’enfant a été mesurée aux âges de 5-7 mois et de 11-13 mois.
Les auteurs ont comparé les concentrations d’Hb de la mère et du bébé.
Résultat : les concentrations d’Hb maternelle à 24-28 semaines de gestation – mais pas celles du premier trimestre – étaient corrélées aux concentrations d’Hb de l’enfant aux deux âges.
Le risque d’anémie chez l’enfant à 5-7 mois et à 11-13 mois augmentait quand l’Hb maternelle était inférieure à 10,9 g/dL à 24-28 semaines. En revanche, le risque d’anémie à 5-7 mois et à 11-13 mois diminuait quand l’Hb maternelle était de 12 à 12,9 g/dL.
« Une faible concentration d’Hb chez la mère à 24-28 semaines de gestation est associée à une augmentation du risque d’anémie chez l’enfant alors qu’une concentration d’Hb maternelle élevée est associée à une réduction du risque d’anémie chez l’enfant », concluent les auteurs.
 

Et le fer ?

On peut regretter que l’étude n’ait pas comporté de dosage du fer. Pourtant, dans un éditorial associé, W.S. Ferguson souligne que, dans cette population, il existe une très faible fréquence d’hémoglobinopathies et d’infections pouvant provoquer une anémie ; et que, logiquement, on peut conclure que ce sont des facteurs nutritionnels (par exemple, un déficit en fer) qui sont en cause dans les anémies observées.
Aux États-Unis, fait-il remarquer, la prévalence du déficit en fer chez les nourrissons reste voisine de 10 % malgré l’utilisation de laits enrichis en fer et les recommandations de ne pas donner de lait de vache avant 1 an.
« Ces résultats, indique-t-il, devraient être utilisés comme un facteur de risque additionnel pour identifier les enfants qui présentent un risque accru d’anémie nutritionnelle et qui devraient bénéficier d’un dépistage et d’une prévention ciblés. »

 

Les apports chez l’enfant

Rappelons que l’EFSA, Autorité européenne de sécurité des aliments, a proposé, en décembre 2015, de nouvelles valeurs nutritionnelles de référence pour le fer : 11 mg/jour chez les nourrissons de 7 à 11 mois, puis 7 mg/jour.
Si l’allaitement maternel doit être encouragé jusqu’à l’âge de 4-6 mois, la diversification alimentaire est indispensable après 6 mois. Elle doit apporter environ 1 mg/kg/jour de fer afin de couvrir correctement les besoins. En l’absence d’allaitement maternel, le lait de vache doit être proscrit car il est pauvre en fer. Le nourrisson doit recevoir une formule infantile adaptée à son âge : préparations pour nourrissons et préparations de suite enrichies en fer, puis lait de croissance.
 


Lire notre fiche pratique « Les apports en calcium, fer et vitamines D et K »

 
Dr Emmanuel de Viel
 
Zhang Y et coll. J Pediatr 2016 ; 175 : 106-10.
Ferguson WS. J Pediatr 2016 ; 175 : 1-4.
 
 
 


Source : lequotidiendumedecin.fr