Une métaanalyse française à l’échelle mondiale

Identification de six gènes associés à l’asthme

Publié le 09/12/2010
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Crédit photo : PHANIE

L’IDENTIFICATION des régions du génome impliquées dans la prédisposition génétique à des maladies multifactorielles, comme l’asthme est l’un des enjeux majeurs actuels de la recherche biomédicale et ouvre la voie au développement de nouvelles approches thérapeutiques.

« Dans notre méta-analyse, qui a rassemblé 22 groupes de recherche de 19 pays différents, nous nous sommes uniquement intéressés aux facteurs génétiques qui pouvaient influencer l’asthme », précise Emmanuelle Bouzigon (Inserm U946, fondation Dausset, CEPH Paris).

Cette méta-analyse composée de 19 études chez les enfants asthmatiques, 10 études chez les adultes, 3 études dans l’asthme sévère et 4 études dans l’asthme professionnel, a porté sur 26 475 sujets (10 365 asthmatiques et 16 110 sujets témoins) originaires de pays européens, du Canada et d’Australie.

Les échantillons biologiques de tous ces sujets ont été préparés en vue de leur analyse génétique à la Fondation Jean Dausset-CEPH (Centre d’étude du polymorphisme humain), à Paris. Le centre national de Génotypage (GNG) du CEA a réalisé et analysé la totalité des tests génétiques couvrant la totalité du génome pour tous les échantillons soit plus de 15 billions de génotypes étudiés dans une méta-analyse GWAS (36 études).

Répartis sur l’ensemble du génome.

Au cours de la méta-analyse, les chercheurs de l’unité 946 de l’Inserm-Université Paris-Diderot, en collaboration avec les équipes des Universités d’Oxford et de Londres ont identifié des variants génétiques au niveau de 6 gènes prédisposant à l’asthme. Répartis sur l’ensemble du génome, ces gènes appartiennent à des voies physiologiques capables de signaler au système immunitaire la présence d’altérations au niveau de la muqueuse bronchique et d’activer l’inflammation des voies aériennes.

Autre point important de cette étude, l’étude des gènes qui contrôlent les taux d’anticorps associés aux allergies (IgE) montre que les gènes impliqués dans l’asthme et ceux régulant les taux d’IgE sont différents, suggérant que les allergies qui accompagnent l’asthme sont plus vraisemblablement une conséquence qu’une cause de l’asthme.

Enfin il apparaît que la plupart de ces variants génétiques ont des effets plus importants lorsque l’asthme se manifeste dans l’enfance qu’à l’âge adulte. Selon les chercheurs ils rendent compte d’un tiers des cas d’asthme apparaissant dans l’enfance.

« Néanmoins, le risque de développer un asthme dans l’enfance ne peut être prédit à partir des seuls polymorphismes génétiques. Les facteurs de l’environnement jouent aussi un rôle important.

De nombreux travaux sont encore nécessaires pour mieux caractériser ces variants génétiques et mieux comprendre leur fonction » conclut Emmanuelle Bouzigon.

6e Congrès francophone pédiatrique de pneumologie et d’allergologie. Session de la société pédiatrique de pneumologie & allergologie pédiatrique.

 Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8873