Quand explorer et prendre un avis spécialisé

L’attitude devant des infections ORL récidivantes

Publié le 05/10/2009
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L’APPRÉCIATION de la notion d’infections récidivantes peut être variable, car perçue différemment par les familles. C’est pourquoi, il est désormais reconnu de parler : d’otites récidivantes chez un enfant de moins de 1 an qui fait 4 otites par an au cours des six derniers mois, puis 6 otites par an ; d’angines récidivantes chez un enfant qui fait 5 angines par an durant deux années consécutives ou 7 dans la même année ; de sinusites récidivantes lorsque l’enfant (ou l’adulte) fait 3 épisodes de sinusites par an (chiffre pas bien établi) et de rhinopharyngites récidivantes lorsqu’il existe 10 épisodes par an (voire 6 pour certains auteurs). Enfin, en ce qui concerne les laryngites, le chiffre n’est pas bien établi.

Face à ces enfants, il importe de ne pas faire d’examens en excès et de savoir à quel moment il est justifié d’en faire.

Tabagisme passif, carence en fer, RGO, allergie.

Parmi ces infections récidivantes, les otites récidivantes ont été les plus étudiées. Il est désormais reconnu qu’elles sont plus fréquentes chez le garçon, liées à des facteurs familiaux et à la pollution atmosphérique, facteurs sur lesquels il est difficile d’intervenir. En revanche, certains facteurs favorisants peuvent être corrigés : tabagisme passif, carence en fer (la supplémentation diminue le nombre d’otites et les otites sont plus nombreuses chez les enfants carencés), le reflux gastro-œsophagien (mais son rôle reste controversé), l’allergie, qu’il est inutile de rechercher, mais qui impose des règles d’hygiène (éviter les moquettes, les revêtements muraux…). Le problème de la crèche reste très débattu car il n’est pas évident que la crèche soit un facteur de risque chez tous les enfants ; en revanche, si l’enfant n’est malade que lorsqu’il va à la crèche, le problème d’une éviction se pose. Enfin, une cause locale doit également être recherchée : hypertrophie des végétations adénoïdes ou épanchement rétrotympanique (otite séreuse).

L’enfant qui présente des angines à répétition peut voir celles-ci s’espacer puis disparaître ; si ce n’est pas le cas, le traitement sera chirurgical. Dans le cas particulier du syndrome de Marshall (enfant de moins de 5 ans, épisode fébrile une fois/mois, avec angine non réactive aux antibiotiques mais aux corticoïdes), le traitement repose sur l’amygdalectomie.

Les sinusites récidivantes des enfants plus âgés (voire des adultes) sont responsables d’un mauvais sommeil, d’une moins bonne mémorisation d’où un moins bon travail. Elles peuvent être dues à un reflux gastro-œsophagien, mais le mécanisme reste mal connu. Le traitement par IPP pendant deux mois peut être efficace, mais ne doit être entrepris que si l’on a la preuve du reflux (pHmétrie) ; en cas de rechute, ce traitement peut être renouvelé pendant quelques mois avant d’avoir recours au spécialiste.

Enfin, les laryngites récidivantes sont une très grande source d’angoisse pour les parents et le risque est surtout lié à une surconsommation de corticoïdes. Il importe de rechercher une allergie, un reflux gastro-œsophagien++, une sténose sous-glottique, un larynx sensible à la pollution… mais il n’existe pas de vraie solution.

Piscine : dans le cadre familial.

Face à ces infections récidivantes, le minimum d’examens complémentaires est nécessaire : recherche d’une carence en fer, recherche d’un déficit immunitaire (NFS, dosage des immunoglobulines) seulement si l’atteinte concerne plusieurs sites, pHmétrie lors de laryngites et sinusites à répétition.

La piscine est contre-indiquée dans les otites séreuses et les rhinopharyngites à répétition, du fait des mauvaises conditions dans lesquelles elle est pratiquée en collectivité (sortie dehors les cheveux mouillés…) ; elle peut être autorisée dans le cadre familial.

Avec le temps ces infections récidivantes s’estompent. Elles peuvent et doivent être prises en charge par les médecins généralistes et les pédiatres de ville ; elles ne seront montrées à l’ORL que lorsqu’elles deviennent ingérables.

Dr BRIGITTE VALLOIS Propos recueillis auprès du Dr Martine François (hôpital Robert-Debré, Paris).

Source : lequotidiendumedecin.fr