Le microbiote intestinal parle aux poumons : l’exemple de la bronchiolite

Publié le 17/10/2016
bebe

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Jusqu’à il y a peu, on pensait que l’arbre respiratoire était stérile. Puis, les outils génétiques ont révélé la présence d’un microbiote respiratoire. Ce qui a conduit à réfléchir à propos du rôle de ces microbes endogènes sur le système immunitaire local pulmonaire et, donc, sur les réponses aux maladies respiratoires infectieuses et non infectieuses.
Des travaux récents ont montré une puissante communication physiologique et immunitaire à distance entre organes possédant un microbiote. D’où l’émergence d’un nouveau domaine d’intérêt : l’axe intestin-poumon dans lequel le microbiote intestinal conditionne les réponses immunologiques pulmonaires à des provocations exogènes (allergènes, infections) et même endogènes (cancer, autoantigènes).
C’est dans ce contexte que K. Hasegawa et coll. ont cherché à en savoir plus sur l’association entre microbiote intestinal (facteur potentiellement modifiable) et la bronchiolite de l’enfant.
Dans une étude cas-contrôle, les auteurs ont collecté des échantillons de selles de 40 bébés (âge médian : 3 mois) hospitalisés pour bronchiolite et de 115 enfants sains du même âge. Par séquençage de ces 155 échantillons, ils ont déterminé l’association de profils de microbiote avec le risque de bronchiolite.

Résultats 
  1. Quatre profils de microbiotes ont été identifiés : dominance Escherichia (30 %), dominance Bifidobacterium (21 %) ; dominance Enterobacter/Veillonella (22 %) et dominance Bacteroides (28 %).
  2. La proportion de bronchiolite était plus faible dans le groupe Enterobacter/Veillonella (15 %) et plus élevée dans le groupe Bacteroides (44 %), avec un odds ratio (OR) de 4,59. Résultats qui restent significatifs après ajustement multivariable (OR : 4,24).
  3. Dans les groupes Escherichia et Bifidobacterium, les risques de bronchiolite étaient identiques à celui du groupe Enterobacter/Veillonella.
 
Conclusion 
Quatre types distincts de microbiotes ont été identifiés ; le profil Bacteroides dominant était associé à un risque plus élevé de bronchiolite.

Bacteroides
« Cette étude soulève de multiples hypothèses sur les relations entre composition du microbiote intestinal et bronchiolite, et elle suggère des limites », indique Patrick Seed dans un éditorial associé. 
On sait, rappelle-t-il, que le polysaccharide A de Bacteroides supprime les réponses cellulaires T aux stimuli inflammatoires. Un excès de Bacteroides pourrait dès lors réduire l’immunité virale. Cela dit, la présente étude a porté sur des enfants déjà infectés. Pour Seed, il est essentiel de mener des études prospectives longitudinales pour connaître le microbiote intestinal avant l’infection virale.
 
Dr Emmanuel de Viel
 
Hasegawa K et coll. Pediatrics 2016 ; 138 (1) : e20160218.
 

Source : lequotidiendumedecin.fr