Le VRS va revenir fort

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Publié le 16/02/2022

Les confinements et mesures barrières ayant suspendu l’immunisation des plus jeunes, en 2022 les épidémies à VRS devraient être plus intenses, avec un doublement des hospitalisations des tout-petits et un pic maximum attendu en septembre aux États-Unis.

Crédit photo : phanie

« En l’absence de nouveaux confinements, les projections issues de nos estimations prévoient un retour ‘à la normale’ du VRS aux États-Unis, à la fois sur le plan saisonnier et en intensité, à l’horizon 2023. Entre-temps, en 2022, l’incidence devrait largement augmenter », préviennent les auteurs d’un travail (1) visant à estimer l’impact de la pandémie à Covid-19 sur les prochaines épidémies de VRS, des chercheurs de l’école de santé publique de Yale et du département de pédiatrie de l’université de Yale (États-Unis) en collaboration avec un chercheur néerlandais de l’université d’Utrecht (Pays Bas), soutenus par la fondation internationale Resvinet, qui siège à Zeist (Pays Bas).

« Les enfants de 1 à 4 ans devraient être les plus touchés. On attend une augmentation d’incidence de 82 à 86 % et de celle des hospitalisations de 99 à 109 %. Chez les moins de 1 an, les hospitalisations devraient doubler en 2022, pour atteindre les 707 hospitalisations/100 000 enfants/an (vs 355 en année ‘typique’). Enfin, les 3 à 5 mois devraient, comme d’habitude, payer le plus lourd tribut, avec une incidence attendue autour de 30 000 pour 100 000 enfants/an en 2022, associée à un taux d’hospitalisations allant jusqu’à 3 100/100 000 chez les moins de 3 mois », indiquent les auteurs, soulignant que ces enfants ont vu réduire leur protection transplacentaire en raison du confinement de l’automne 2021. Un pic important est à redouter en septembre 2022, avec des hospitalisations tournant autour de 3 300/100 000 chez les moins de 1 an.

« Ces épidémies devraient en outre frapper des sujets en moyenne plus âgés que les épidémies traditionnelles. Ce qui est assez logique, puisque nombre d’enfants nés en 2020 ont été épargnés et protégés du VRS par le confinement et les mesures barrières associées à l’épidémie de Covid-19 de 2020-2021 », expliquent-ils.

Quant aux plus de 65 ans fragiles, eux aussi très susceptibles à l’infection à VRS, ils risquent eux aussi d’être touchés plus sévèrement.

20 millions de données et plusieurs registres

Cette simulation est fondée sur plus de 20 millions de données d’hospitalisation pour infection à VRS, bronchiolite ou pneumonie à VRS des États de New York (2005-2014) et de Californie (2003-2011), contenant a minima le mois, l’année d’hospitalisation et l’âge du patient. Elle visait à analyser, selon plusieurs scenarii (changement ou non du taux de transmission du VRS, importation exogène ou non), le taux mensuel d’hospitalisation, ainsi que les taux par tranches d’âge chez les moins de 5 ans, l’incidence de ces hospitalisations et leur évolution entre 2021 et 2022.

Vigilance et mesures de prévention maximales en 2022

Forts de ces estimations, les auteurs recommandent aux cliniciens d’être très vigilants en 2022. « Une épidémie à VRS atypique dans son timing ne peut être écartée en 2022, et au vu de l’explosion attendue des hospitalisations pour ce virus, il faudra être particulièrement vigilant aux sujets à risque. » Soit environ 2 % des nouveau-nés, dont nombre de petits prématurés, si l’on se fie aux estimations d’AstraZeneca, qui commercialise un anticorps anti-VRS agréé chez les moins de 2 ans à haut risque, le palivizumab (Synagis), qui nécessite une injection IV par mois au maximum 5 mois de suite durant la saison du VRS.

Dans certains pays, des IgG anti-VRS (RSV-IVG RespiGam) peuvent également être administrés. Des vaccins VRS sont aussi en développement, dont certains ne devraient pas tarder à arriver sur le marché (2).

 

(1) Z Zheng et al. Estimation of the timing and intensity of reemergence of respiratory syncytial virus following the Covid-19 pandemic in the US. JAMA Netw Open 2021;4: e2141779. doi:10.1001/jamanetworkopen.2021.41779

(2) Jennifer Abbasi. RSV vaccines, finally within reach, could prevent tens of thousands of yearly deaths. Jama 2022; 327:204-06

 

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr