De notre correspondant
LE TRAITEMENT continu de l’infection à staphylocoque doré par les antibiotiques fait courir un risque de résistances. Pour essayer de trouver une solution alternative, les Américains ont testé l’efficacité de l’eau de Javel diluée. L’évaluation a été réalisée sur une cohorte de 31 enfants, âgés de 6 mois à 17 ans, présentant un eczéma modéré à sévère avec des signes d’infection bactérienne secondaire. L’ensemble des enfants recevaient de la céfalexine (50 mg/kg/j) pendant 14 jours, puis ils étaient répartis en deux groupes. Le groupe traitement était traité par de la pommade de mupirocine (deux applications nasales quotidiennes pendant 5 jours par mois) et des bains d’eau de Javel diluée (une demi-tasse d’hypochlorite de sodium à 6 % pour un bain d’environ 150 litres). Ceux du groupe placebo recevaient, quant à eux, de la vaseline (au lieu de la mupirocine) et des bains d’eau pure. Sur 31 enfants enrôlés au départ, 25 (11 dans le groupe traitement, 14 dans le groupe placebo) étaient encore dans l’étude lors de la première évaluation à 1 mois et 22 sont restés jusqu’à la fin de l’expérimentation, qui a duré trois mois.
Amélioration des scores EASI.
Les scores EASI (Eczema Area and Severity Index) des enfants traités étaient réduits par rapport à la valeur de base (19,7), tant à un mois (-10,4 ± 2,8) qu’à trois mois (-15,3 ± 3,8), par comparaison avec le groupe placebo (-2,5, p = 0,017 et – 3,2, p = 0,004, respectivement). L’amélioration des scores EASI était bien attribuable au traitement par l’eau de javel car les résultats observés au niveau du tronc et des extrémités (soit les régions du corps immergées dans le bain) demeuraient significativement meilleurs que chez les sujets contrôles. À l’inverse, il n’y avait pas de différences entre les deux groupes pour la tête et le cou (régions non plongées dans le bain). Les auteurs ont par ailleurs observé des résultats concordants en prenant un autre indice d’évaluation, le BSA (Body Surface Area). L’étendue de la surface corporelle touchée était également réduite dans le groupe traité par rapport aux sujets contrôles, après un mois de traitement (-12,6 contre -2,0 ; p = 0,049) et à 3 mois (-23,7 contre -3,0 ; p = 0,004). Enfin, le traitement était bien toléré.
Résistances bactériennes encore relativement modestes.
L’analyse des prélèvements cutanés réalisés à l’entrée dans l’étude chez les enfants de cette cohorte révèle une proportion de souches SARM de 7,4 %, alors que, dans le même hôpital (Children’s Memorial Hospital), la prévalence générale des SARM est très supérieure (75 à 85 % de la population pédiatrique). Il semble donc qu’à l’heure actuelle en tout cas, les résistances bactériennes demeurent encore relativement modestes chez les enfants atteints d’eczéma. Mais il est probable que la prévalence des SAMR va augmenter dans cette population de patients.
Ce travail, certes limité, et qui doit être confirmé par de plus grandes séries, indique toutefois qu’il est possible de réduire la symptomatologie eczémateuse en associant l’administration nasale de mupirocine et de bains d’eau de Javel diluée, ce qui pourrait permettre d’éviter le recours prolongé à l’antibiothérapie.
Huang JT, Abrams M, Tlougan B, Rademaker A, Paller AS. Treatment of Staphylococcus aureus colonization in atopic dermatitis decreases disease severity. Pediatrics (2009).
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