Prévention des allergies : des études d’intervention chez la femme enceinte et le nourrisson

Publié le 14/10/2015
Femme enceinte

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Les maladies allergiques représentent une cause majeure de morbidité dans les pays développés : on estime que désormais 40 % de la population est concernée. Et la prévalence des manifestations précoces de l’allergie, telles que l’eczéma et les allergies alimentaires, semble toujours en augmentation. Parallèlement aux allergies, l’incidence des maladies dites de civilisation s’est aussi accrue : maladies auto-immunes, cardio-vasculaires, diabète, obésité, cancers. Autant d’affections qui ont pour point commun une inflammation, qui semble se développer précocement dès le début de la vie sous l’influence de facteurs environnementaux. La mise en place de stratégies visant à promouvoir très tôt une bonne « santé immunitaire » et à réduire l’inflammation pourrait se montrer bénéfique vis-à-vis de ces diverses pathologies non transmissibles.

Kristina Rueter et al. (1) ont passé en revue les études d’intervention menées chez les femmes enceintes et les nourrissons dans le cadre d’une stratégie de prévention primaire des maladies allergiques.
Concernant l’éviction des aliments très allergéniques durant la grossesse et l’allaitement, les données sont aujourd’hui insuffisantes pour recommander une quelconque modification de l’exposition allergénique au cours de ces deux périodes de la vie des femmes.

L’allaitement maternel, également largement étudié, est recommandé jusque vers l’âge de 6 mois. Selon une récente étude de cohorte prospective, la poursuite de l’allaitement maternel lors de la diversification alimentaire serait associée à un moindre risque de développer une allergie alimentaire.

Le recours aux laits infantiles hydrolysés est préconisé en prévention primaire des allergies par les recommandations américaines, australiennes et européennes. Mais, pour Kristina Rueter, à la lumière des dernières études, ces formules doivent être réservées aux enfants à haut risque allergique, lorsque l’allaitement maternel n’est pas possible.

L’âge de la diversification a fait l’objet de recommandations contradictoires au cours des dix dernières années. Les études les plus récentes tendent à souligner le rôle bénéfique d’une introduction plus précoce des aliments allergéniques, qui permettrait d’induire une tolérance.

Les nutriments eux-mêmes peuvent avoir un effet immunomodulateur. Parmi les plus étudiés : les acides gras polyinsaturés (AGPI) de la famille des oméga-3, les prébiotiques et les probiotiques, qui suscitent un large intérêt du fait de leur impact potentiel sur le microbiote intestinal.

Plusieurs études ont mis en évidence les effets bénéfiques d’une supplémentation en AGPI oméga-3 au cours de la grossesse et des tout premiers mois de la vie. Des bénéfices qui s’ajoutent à ceux plus larges sur le développement notamment cérébral.

Les études cliniques ayant évalué les effets des prébiotiques (ou fibres non digestibles) chez les nourrissons indiquent un effet préventif vis-à-vis de l’eczéma, chez les enfants à faible ou à haut risque.

Parmi la quinzaine d’essais cliniques ayant analysé l’impact d’une supplémentation en probiotiques, la moitié d’entre eux ont rapporté une réduction de la dermatite atopique. Par ailleurs, une méta-analyse souligne l’intérêt du recours à un mélange de probiotiques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tend à préconiser une supplémentation en probiotiques chez les enfants à risque allergique. Les arguments s’accumulent en effet pour souligner les bénéfices d’une intervention précoce, chez la femme durant la grossesse et chez le nourrisson au cours des premiers mois de la vie, visant à favoriser la biodiversité du microbiote intestinal.

Dr Isabelle Hoppenot
 
(1)   Rueter K et al. Developing primary intervention strategies to prevent allergic disease. Curr Allergy Asthma Rep 2015 ; 15 : 40.
 


Source : lequotidiendumedecin.fr