Insulinothérapie automatisée en boucle fermée hybride

Une avancée majeure pour les enfants

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Publié le 24/03/2023
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La technologie de la délivrance automatisée de l’insuline en boucle fermée hybride est désormais accessible pour les enfants diabétiques de type 1. C’est une avancée majeure qui permet un meilleur équilibre glycémique ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie des enfants et de leurs parents.
Pour être éligible, il faut maîtriser l’insulinothérapie fonctionnelle et le traitement par pompe

Pour être éligible, il faut maîtriser l’insulinothérapie fonctionnelle et le traitement par pompe
Crédit photo : BURGER / PHANIE

Après des années d’attente, la mise à disposition de systèmes hybrides d’administration d’insuline en boucle fermée est enfin effective chez les enfants.

« C’est une longue histoire, commencée depuis plus d’une quinzaine d’années maintenant, avec des pionniers en France, notamment le Pr Guillaume Charpentier (directeur du centre d’étude et de recherche pour l’intensification du traitement du diabète [Ceridt]) et le Pr Éric Renard (CHU de Montpellier), raconte le Pr Jacques Beltrand (Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP). Il s’agit d’une véritable révolution dans la prise en charge du diabète de type 1 chez les enfants, car l’hémoglobine glyquée se situe chez eux plutôt en moyenne autour de 8 à 8,2 %, bien au-delà de l’objectif de 7 %. »

Pour mémoire, le système comprend une pompe à insuline, un capteur de mesure du taux de glucose interstitiel en continu et, pour faire le lien entre les deux, un algorithme d’intelligence artificielle, embarqué dans la pompe à insuline ou dans un terminal dédié, ou bientôt dans le smartphone du patient, qui ajuste la délivrance d’insuline en temps réel pour maintenir le patient au plus proche d’une cible glycémique préréglée.

Toutefois, la boucle fermée n’a pas encore la capacité de gérer de manière totalement autonome les bolus d’insuline à réaliser lors des repas ou l’activité physique, elle ne peut pas spontanément faire des adaptations automatiques des doses d’insuline. Cela nécessite donc que le patient déclare la teneur en glucides de ses repas et son activité physique. « C’est pourquoi le système est dit hybride, car le patient doit encore renseigner manuellement certaines informations », indique le Pr Beltrand.

Une amélioration spectaculaire de l’équilibre glycémique

« Les premiers retours d’expérience clinique montrent que ces systèmes en boucle fermée hybride marchent très vite (dès les premières 24 heures) et très bien. Ils améliorent de façon spectaculaire l’équilibre glycémique par rapport à la thérapie standard, ainsi que la qualité de vie de toute la famille », souligne le Pr Beltrand.

La qualité du sommeil est nettement améliorée, grâce à une diminution des hypoglycémies nocturnes, et donc du nombre de réveils. La boucle fermée permet ainsi d’alléger le fardeau lié à la maladie pour les parents qui doivent suivre de près le niveau glycémique de leur enfant, la journée, mais aussi la nuit.

Pour qui ?

En pratique, la mise à disposition du dispositif nécessite d’avoir reçu une éducation thérapeutique dans un centre de référence, avec une formation en insulinothérapie fonctionnelle, ainsi qu’une formation spécifique à l’utilisation du système. Ce cursus implique une intervention pluriprofessionnelle : diabétologues, diététiciens, infirmiers, voire psychologues.

« Au niveau psychologique, il faut en effet un certain lâcher prise avec le dispositif de boucle fermée. En boucle ouverte, le patient doit beaucoup s’impliquer pour surveiller sa glycémie et adapter son insulinothérapie. Là, c’est le système qui travaille pour lui… Il faut faire confiance à la machine. Ce changement de comportement touche bien sûr, aussi, les parents », explique le Pr Beltrand.

Par ailleurs, certains diabétiques, surtout des adolescents, ne souhaitent pas passer à ce dispositif car il est visible (pompe avec tubulure) et contraignant, en raison de l’appareillage à porter en permanence sur le corps.

Chaque système a ses spécificités et ses indications propres (lire encadré). Idéalement, il faudrait des systèmes interopérables pour que chacun puisse choisir. Cette tendance de type « do-it-yourself » se développe aux États-Unis.

Exergue : « Les parents doivent pouvoir lâcher prise et faire confiance à la machine »

Entretien avec le Pr Jacques Beltrand (Hôpital Necker-Enfants Malades, AP-HP)

Dr Christine Fallet

Source : Bilan Spécialiste