Apnées obstructives du sommeil : les traitements changent la vie diurne

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Publié le 21/04/2023
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Des interruptions répétées et incontrôlées de la respiration pendant le sommeil ont pour conséquences une somnolence diurne, une asthénie, des difficultés de concentration et un risque cardiovasculaire augmenté. Mais le syndrome d’apnées/hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), souvent sous-diagnostiqué, mérite d’être recherché en dehors des tableaux cliniques classiques.
Le SAHOS concerne fréquemment des femmes à l’IMC normal

Le SAHOS concerne fréquemment des femmes à l’IMC normal
Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L’incidence du syndrome d’apnées/hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) augmente de façon quasi linéaire en fonction de l’âge : entre 1 % et 3 % des enfants et adolescents, près de 20 % des 45–64 ans et 30 % des plus de 65 ans. Néanmoins, ces chiffres sont probablement sous-estimés. Si le SAHOS est près de deux fois plus fréquent chez les hommes, favorisé par le surpoids, il concerne fréquemment des femmes à l’indice de masse corporelle (IMC) normal comme des sujetsasymptomatiques. D’où l’importance de penser à rechercher ce syndrome chez des sujets ayant une HTA réfractaire, un glaucome chronique, un syndrome douloureux chronique (abaissement du seuil douloureux par la somnolence diurne), des troubles de l’humeur, des troubles de la concentration, des céphalées matinales.

Les questions à se poser

1. S’agit-il bien d'un SAHOS et quelle est son intensité ?

- La polygraphie ventilatoire nocturne est indispensable au diagnostic et peut être faite à domicile par le patient. Elle permet d’enregistrer la respiration pendant au moins six heures avec un capteur nasal mesurant les variations de pression dans les voies supérieures aériennes, associé à des ceintures abdominales et thoraciques analysant les mouvements respiratoires, avec capteur de son (ronflements) et oxymètre digital.

- La polysomnographie est un examen beaucoup plus complet avec électroencéphalogramme évaluant les micro-éveils et l’architecture du sommeil, électrocardiogramme et électro-oculogramme (mouvements oculaires). Elle peut désormais être réalisée à domicile avec passage d’un technicien pour placer le matériel. Si possible, cet examen est à privilégier.

Le diagnostic est confirmé si l’IAH (indice d’apnées/hypopnées) est supérieur à 15 par heure. Une apnée est définie par un arrêt respiratoire de plus de 10 secondes. Entre 5 et 15 apnées par heure, le syndrome est dit léger et une polysomnographie est conseillée si l’IAH a été mesuré par polygraphie respiratoire ; entre 15 et 30, on parle de SAHOS modéré, au-delà de 30 de SAHOS sévère.

2. Existe-t-il une cause ORL ? L’examen doit confirmer l’absence d’obstruction des voies aériennes (grosses amygdales par exemple, y compris chez les adultes), rechercher une rétrognathie, une macroglossie.

3. Existe-t-il des facteurs favorisants ? Rechercher un tabagisme, une consommation de somnifères, d’alcool.

4. Existe-t-il un surpoids et/ou un syndrome métabolique (60 % des sujets ayant un syndrome métabolique ont des apnées du sommeil et environ 16 % des diabétiques de type 2). Lorsqu’il existe un surpoids, la perte de 10 à 15 % du poids initial réduit nettement la sévérité des apnées du sommeil.

5. Existe-t-il des facteurs de risque cardiovasculaire : HTA, maladie coronarienne, antécédents d’accident vasculaire cérébral (AVC) ?

Ce qu’il faut faire

- Entre 5 et 15 apnées par heure, aucun traitement n’est recommandé en dehors du contrôle des facteurs d’aggravation (surpoids, décubitus dorsal, etc.) ; entre 15 et 30 apnées par heure (SAHOS modéré), une orthèse buccale d’avancée mandibulaire (OAM) nocturne est préconisée en l’absence de facteurs de risque cardiovasculaire et le port nocturne d’un appareil à pression positive continue (PPC) est recommandé s’il existe des facteurs de risque. La PPC est indispensable d’emblée si le nombre d’apnées est supérieur à 30 par heure. Une OAM est préconisée en cas de refus de la PPC ou d’intolérance avérée.

- La prescription de la ventilation PPC est initiée par un pneumologue ou un médecin spécialiste du sommeil. Le masque doit être porté toute la nuit et n’est pris en charge que s’il est porté au moins quatre heures par nuit. Tant que la somnolence diurne liée au SAHOS persiste, la conduite automobile est déconseillée. L’efficacité du traitement est évaluée au bout de quelques mois. La tolérance de la PPC, meilleure grâce aux nouveaux masques, est globalement bonne et l’observance est bonne dans neuf cas sur 10. Les premières semaines de traitement nécessitent souvent des adaptations. L’amélioration clinique (meilleure qualité de sommeil, disparition de l’asthénie et de la somnolence diurne) est le garant de l'observance.

- Enfin, dans de rares cas, une prise en charge chirurgicale peut être proposée à des patients présentant des anomalies anatomiques majeures (très grosses amygdales, petite mâchoire…).

Ce qu’il faut retenir

- Le SAHOS ne concerne pas seulement les hommes ronfleurs et en surpoids.

- Le SAHOS augmente le risque cardiovasculaire et altère la qualité de vie.

- Les appareils de ventilation PPC sont désormais mieux tolérés et leur efficacité est le garant de l’adhésion du patient à la prise en charge.

D’après un entretien avec la Dr Vanessa Slimani, médecin spécialiste du sommeil à Paris

Dr Caroline Martineau

Source : Le Quotidien du médecin